Les particuliers jettent encore 25% de leurs piles usagées à la poubelle

25% des piles usagées sont jetées à la poubelle

Le recyclage des piles et des batteries est organisé par une législation précise comme par exemple la loi de Transition énergétique qui fixe des obligations pour les professionnels du secteur. De leur côté, les particuliers semblent globalement conscients des enjeux mais des progrès restent à accomplir.

Le traitement des piles et des batteries usagées est directement en lien avec l’économie circulaire. A savoir : une boucle écologiquement vertueuse, dont l’objectif est de privilégier l’utilisation de matières premières secondaires (issues du recyclage) et des sources d’énergies renouvelables pour la production de biens et de services.

La boucle en question est la suivante ; Les piles usagées sont collectées méthodiquement, rassemblées dans des centres de stockage, puis redirigées vers des usines de traitement où l’on extrait les matières premières qui deviennent tout à fait propres à la réutilisation.

Le recyclage des piles et des batteries est aujourd’hui un secteur dont la logistique est en place. La Corepile, un organisme d’Etat créé en 1999 afin d’organiser la filière sur le territoire français, avance des chiffres encourageants. L’organisme a collecté en 2016, 9111 tonnes de piles et de petites batteries sur les 19 200 tonnes de piles vendues chaque année en France. Par ailleurs 82% des français déclarent trier leurs piles. Néanmoins il y a encore des progrès à faire en termes d’efficacité, notamment du côté des particuliers. Sur 100 piles, 45 sont recyclées par la filière, 35 sont stockées dans les foyers et 25 sont encore jetées à la poubelle ou dans la nature.

Comment s’organise la filière ?

La gestion des piles et des batteries usagées a été, ces dernières années, très réglementée. Tant au niveau européen qu’en droit français. Emeline Terrier, en charge de la logistique chez la Corepile, nous explique comment cela fonctionne pour les professionnels : « Toutes les personnes metteur sur le marché, qui importent ou fabriquent des piles doivent adhérer à un éco-organisme pour pouvoir financer la filière. C’est-à-dire financer la collecte, le recyclage et la valorisation quand les produits sont en fin de vie. Il s’agit d’une contribution ».

Pour mettre en pratique ce recyclage, la Corepile dispose d’une large organisation : « On a 30 000 points de collecte répartis sur l’ensemble de la France. Nous venons collecter gratuitement tous ces établissements. Nous ramenons ensuite les déchets en centres de regroupement qui massifient les différentes collectes. Ensuite les produits récupérés sont envoyés vers un centre de tri, où les piles sont triées par catégorie et envoyées dans des centres de recyclage spécifiques ».

Un des leaders français du recyclage, le groupe Paprec, qui a recyclé 11 millions de tonnes de déchets en 2017, explique dans une vidéo le parcours de la pile, depuis sa collecte jusqu’à sa valorisation :

Le principe est similaire pour Matthieu Pasini – Délégué général et Directeur commercial de l’association Recyclage éco-citoyen – qui emploie des travailleurs handicapés pour le traitement de 100% des déchets d’une cinquantaine d’entreprises : « Nous travaillons avec un éco organisme qui s’appelle Screlec*, qui met à notre disposition des petites poubelles que nous déployons chez nos clients. Nous invitons les salariés de ces entreprises à y déposer les piles et batteries. Nous récupérons le contenu des bacs quand ils sont pleins et ensuite nous massifions avec toutes les précautions sanitaires nécessaires. Dès que 4 fûts sont pleins, nous contactons la Screlec qui les récupère et s’occupe du recyclage ».

La loi sur la Transition énergétique oblige les entreprises à mettre en place des solutions. Matthieu Pasini explique que « la collecte est obligatoire dans toutes les entreprises publiques ou privées. Chacune doit pouvoir justifier de la gestion de la fin de vie de ces déchets. Après, ces entreprises peuvent aussi ne rien faire et attendre que l’Ademe** leur tombe dessus mais dans mon travail, je n’en ai pas encore rencontré ».

Des impacts aux bénéfices multiples

La mise en place de campagnes de sensibilisation auprès des particuliers ainsi que les réglementations pour les professionnels ont eu plusieurs conséquences. Selon Emeline Terrier : « Le recyclage des piles et des batteries a évidemment un impact environnemental, puisqu’on va récupérer les matières premières. Cela va éviter l’extraction du nickel, du lithium, du manganèse, du zinc ou du fer puisque le recyclage permet d’en récupérer ».

Toujours sur la question environnementale, Matthieu Pasini constate que la filière est salvatrice : « Ce sont des petits déchets mais qui ont un gros impact sur l’environnement. Une pile est une catastrophe en termes d’écologie. Que ce soit en termes d’écologie, d’économie, ou de développement durable, c’est une filière qui fonctionne parfaitement ».

Du côté de l’emploi, les bénéfices sont aussi présents selon Emeline Terrier : « La Corepile est une société de 6 personnes. Nous gérons la collecte sur l’ensemble de la France avec à peu près 280 équivalent temps plein dans la filière. Une bonne partie d’entre eux est issue de l’économie sociale et solidaire ». Elle devine également un avenir prometteur dans le domaine de l’emploi : « s’il y a des nouveaux procédés de traitement qui se mettent en place, ça peut effectivement créer de l’emploi. Il y a beaucoup d’entreprises qui font de la recherche sur ces questions ».

Chez Recyclage éco-citoyens, un collectif typique de l’économie sociale et solidaire, puisque reconnu par deux ministères, Matthieu Pasini pense qu’il faut aller plus loin que le terme de recyclage. Il faudrait parler plutôt d’économie circulaire, ce qui permettrait aux gens d’en mesurer l’impact : « L’économie circulaire, ça pérennise les emplois, c’est non délocalisable pour la plupart du temps, ce sont des métiers d’avenir, c’est ultra porteur ».

Des limites et quelques solutions

Si le traitement des piles usagées chez les professionnels se fait de façon optimale, reste tout de même le problème des particuliers. « Pour résoudre ce problème des 25% de piles encore jetées, nous essayons au maximum de sensibiliser les gens, d’expliquer pourquoi c’est important. Nous faisons cela à travers des outils de sensibilisation ou d’opérations cibles. Nous avons deux temps forts, le « ménage de printemps » et la semaine européenne du recyclage des piles » explique Emeline Terrier de la Corepile.

Pour Matthieu Pisani, la solution viendrait plutôt de la mise en place de sanctions pénales : « Il faut sensibiliser toujours plus de gens mais il y aura toujours 20% qui trouveront des excuses parce que la poubelle est trop loin. Les professionnels on peut les « fliquer », Il y a les audits, les certifications iso mais ce n’est pas le cas pour les particuliers. A partir du moment où on ne risque rien les gens font à peu près tout et n’importe quoi ».

D’après les professionnels du secteur donc, la gestion de ces déchets toxiques serait efficace. S’il y a des encore des piles jetées, cela viendrait plutôt des mentalités, que de la logistique de traitement, qui elle, est en place.

 

* La Screlec est une société française de collecte de piles et de batteries créée en avril 1999.

** L’Ademe est l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Elle couvre la maîtrise de l’énergie et un large spectre des politiques de l’environnement en France.

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