Circuits courts, bio, produits locaux : un primeur amène le terroir à la Villette

Revenir à une alimentation variée, biologique et saine, privilégier les circuits courts et défendre le commerce de proximité. Depuis quelques années, les revendications d’une certaine frange de consommateurs ont changé. Quitte à payer plus cher leurs produits, certains sont prêts à se détourner du monopole des grandes surfaces pour acheter mieux.

Son noyau dur n’est constitué que d’une vingtaine de producteurs, mais Maxime Febvay ne compte pas s’arrêter là. Sur le boulevard de la Villette à Paris, il a monté une échoppe de produits frais et issus de l’agriculture biologique en circuits courts. Grappes de tomates, bourriches de carottes, melons vendus à l’unité, avalanche de fruits à coque, et depuis peu, bouteilles de lait, quilles de vin, pots de miel et confitures, thés en vrac et autres sacs de farine : autant dire tout un achalandage bariolé, en provenance d’Île-de-France ou, si c’est impossible, uniquement du reste de l’hexagone. Jamais de produits venus de l’étranger.

Avec les Partisans du Terroir, Maxime a fait le pari de l’alimentation saine et du commerce de proximité. « Une manière pour le client de marier l’utile à l’agréable », justifie-t-il à l’envi quand se pose la question du coût de ses produits, encore très loin de pouvoir faire face aux grandes surfaces et autres épiceries non biologiques. « Je sais que je ne suis pas concurrentiel, mais aujourd’hui, certains consommateurs sont prêts à mettre la main au portefeuille s’ils savent qu’ils achètent des produits sains, frais, de saison et qui ont du goût. » En 2000, l’Ifop évaluait à 56 % le nombre de consommateurs de bio en France ; une estimation portée à 84 % en novembre 2021.

 

Primeur 2.0 

Vendre du bio et du vrac au XXIème siècle, c’est aussi savoir s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation sur internet et à l’immédiateté de la livraison. Si la boutique ouvre à 11 heures, Maxime, lui, est sur son vélo dès 8 heures du matin pour faire la tournée des adresses. Les offres de livraison qu’il propose concernent des petits déjeuners à destination des entreprises ou des paniers garnis pour ses clients les plus fidèles. Une course contre la montre pendant laquelle il dessert une quinzained’adresses en moyenne, chaque jour, dans Paris et sa petite couronne. « Je suis habitué à la livraison, explique-t-il. Avant d’ouvrir la boutique en début 2021, l’enseigne était entièrement numérique et je passais mes journées sur mon vélo. » 

Sa charge de travail ? Colossale. D’autant que Maxime est seul. Il cumule à lui seul les postes de livreur, magasinier, comptable et même… journaliste. Sa gazette en ligne, La Dépêche des Partisans, est fournie de dossiers sur les quelques producteurs auxquels il fait régulièrement appel. Une manière de valoriser leurs produits (et les siens) tout en rappelant « la beauté des patelins d’où ils proviennent ». « Vendre un produit, c’est aussi vendre un histoire, un parcours, une identité. »

Regroupement d’artisans locaux

Si la notoriété des Partisans du Terroir ne dépasse pas encore la poignée de riverains fidèles du XIXème arrondissement, Maxime espère bientôt faire croître son affaire pour toucher plus de consommateurs. Réduire ses prix. Augmenter son offre. Embaucher des employés. Multiplier les partenariats. Dans sa conviction de la nécessité du commerce de proximité, il s’est rapproché d’autres artisans locaux pour combiner leurs savoir-faire.

Les miches de campagne et les baguettes tradition rangées en ligne sur les étals viennent tout droit de la boulangerie Bricheton, adresse dont la qualité n’est plus à prouver. Ses sablés, cakes, marbrés, financiers et cookies, avec lesquels il garnit ses paniers petits-déjeuners, sont récupérés chaque matin à la maison Dérives sucrées. Lui fournit la farine, le sucre ou le chocolat, eux lui retournent les produits finis. Cette solidarité leur permet surtout d’échanger leur clientèle, dans un paysage où se faire sa place parmi la concurrence des grandes surfaces.

Maxence SOUSA, Pierre DESMIDT, Thomas ANDRÉ

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here