Les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne sont des partenariats entre des groupes de consommateurs et des agriculteurs. Avec ce mode de fonctionnement, les consommateurs mangent mieux et les agriculteurs gagnent plus.
Cela fait maintenant plus de 20 ans que des initiatives en vente direct de ce type se développent. La première AMAP date de 2001, un couple de maraîchers d’Aubagne la créée suite à une réunion d’ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). Depuis le modèle est en pleine expansion, on en comptait plus de 2 000 en 2018.
Et ce n’est que le début, selon Maude Granger Remi l’administratrice des AMAP d’ile de France, la crise sanitaire a entrainé un engouement autour des AMAP. Elle ajoute « Il y a aussi un engouement dans le nombre de gens qui ont envie de devenir paysans, les gens n’en peuvent plus d’être dans leurs appartements enfermés et ils ont envie d’être à la campagne, dans la nature ».
Un modèle qui cartonne
Pour Lucien Bourgeois, économiste spécialisé dans l’agriculture ce modèle a de longs jours devant lui, il est « assez bien installé dans le paysage français ». Il relève quand même une certaine contrainte pour les consommateurs, celle du peu de légumes disponibles lors des mois d’hiver, mais l’économiste nuance : « C’est assez responsabilisant, de comprendre de la part des consommateurs les contraintes des agriculteurs et de savoir que pendant la saison d’hiver la nature se repose, il y a donc moins de production ». Les consommateurs ont également la possibilité d’aller rencontrer l’agriculteur partenaire, voire même de participer aux récoltes, « Ce qui créé des liens autres que monétaires et qui renforce la collaboration » ajoute Lucien bourgeois.
Les agriculteurs sont souvent considérés comme très pauvres, mais pour l’économiste tous les agriculteurs sont loin d’être précaires : « Le problème du revenu agricole est assez complexe, on a l’habitude de dire que leurs revenus sont très bas, je défends la thèse contraire. » Pour lui, « Il n’y a pas de fatalité qui ferait que les agriculteurs seraient mal payés. Les investissements sont importants dans l’agriculture, donc à la fin de leurs vies professionnelles les agriculteurs ont un important capital ». En 15 ans de nombreux agriculteurs ont augmenté leur capital passant en moyenne de 340 000 euros en 2001, à 575 000 en 2020, « Ce qui laisse de quoi s’acheter une maison ! » rappel le spécialiste. Il dénonce également les raccourcis fait par de nombreux médias : « Comment voulez-vous faire une moyenne entre un viticulteur de la région de Beaune en Côte d’Or qui vend du Gevrey-Chambertin et qui est assimilable à la grande bourgeoisie ; à un agriculteur du lot qui n’a pas de terres mais qui a un troupeau de moutons itinérants. Ça n’a rien à voir ! Ils sont tout les deux agriculteurs mais ce n’est pas comparable ».
Les Amap ne permettent pas seulement aux agriculteurs d’avoir un meilleur revenu, elles permettent aussi une régularité du financement selon Lucien Bourgeois « Il y a un paiement avant la production, ou au moment de la production. L’agriculteur n’a pas à se faire de soucis dans la façon dont ça va être vendu. Il y a donc une réelle sécurité du revenu ».
Concernant le développement futur des modèles comme les Amap, l’économiste pense qu’elles continueront leurs développements uniquement « si une forme de militantisme se répand. Il faut que les consommateurs veuillent participer à l’avenir de leur alimentation, de leur planète ».
Tout dépendra donc de l’implication des consommateurs. Des projets similaires aux Amap se sont développés depuis plusieurs années, comme ‘La ruche qui dit oui’. Les ruches mettent en relation agriculteurs et consommateurs, mais prennent une commission de 20% contrairement aux Amap. Les produits parcourent en moyenne 65km entre la production et les assiettes. Près de 1500 ruches ont été ouvertes depuis 2011, 10 000 agriculteurs les approvisionnent.
De grandes entreprises soutiennent ces modèles, la SNCF a part exemple ouvert 75 ruches dans ses gares.