Donne-t-on pour l’économie sociale et solidaire ?

Steve Buissinne de Pixabay

Grâce à internet, il est désormais facile de solliciter la générosité des internautes. Pour se faire, le crowdfunding ou financement participatif est un des outils indispensable. Une tirelire géante et numérique qui permet de lever des fonds pour financer son projet. Une technique de plus en plus populaire à l’échelle l’économie sociale et solidaire. En 2018, 42 millions d’euros ont été levés par ce biais. 

Devenue une option incontournable à tout projet en devenir, le crowdfunding est un mode de financement en pleine expansion en France. Bien que demeurant secondaire au regard des prêts bancaires ou des aides financières gouvernementales, il est désormais perçu comme une alternative possible et se diversifie progressivement pour toucher tous types d’acteurs et d’idées issus de l’économie sociale et solidaire (ESS). 

« Pour financer son projet, plusieurs possibilités : le financement bancaire, les deniers personnels, l’aide apportée par des structures spécialisées dans la création d’entreprise, la love money (famille et amis qui participent avec leur argent et leur moyen humain – ndlr) et enfin le financement participatif », détaille Valentin Dutote, expert comptable spécialisé dans l’économie sociale et solidaire et fondateur d’ESS Expertise. 

En soit, il existe plusieurs modes de crowdfunding. Il peut s’agir d’un prêt, d’un investissement ou d’un don. En général, les sommes engagées sont moindres puisqu’il faut compter entre 2000 et 5000 euros en moyenne contre plus de 200 000 euros pour les prêts et les investissements, selon l’association Finance Participative France (FPF). Sur la totalité du financement participatif, c’est généralement le don qui est privilégié. Ainsi, sur près de 33 400 projets financés en 2018, 28 500 ont fait l’objet d’un don.

Le financement participatif, bien que marginal à l’échelle du financement global, gagne toutefois en popularité. Entre 2015 et 2018, les fonds collectés ont augmenté de plus de 140 %, passant de 167 millions d’euros à 402 millions, toujours selon la même étude. Sur ces 402 millions récoltés, 42 millions ont contribué à financer des projets de l’économie sociale et solidaire. Toutefois, « le financement participatif, on en parle énormément car c’est assez jeune mais c’est seulement quelques dizaines voir centaines de millions d’euros par an, or, par rapport à la masse du financement chaque année, ce n’est rien », affirme Valentin Dutote. Même sur la totalité de l’ESS,  « le crowdfunding est une goutte d’eau », d’après Florence de Maupeou, directrice Finance Participative France.

Baromètre du crowdfunding en France 2018 réalisé par KPMG pour Financement Participatif France

« Généralement, les porteurs de projets connaissent déjà le crowdfunding avant de venir nous voir ; c’est assez recherché », précise le patron d’ESS expertise. Dorénavant, la plupart ont connaissance du crowdfunding et vont d’eux-mêmes lancer une campagne. Pour preuve, une enquête de l’association Finance Participative France relaye que 70 % des Français ont déjà entendu parler de financement participatif. Le succès est en effet rapide et en l’espace d’une petite décennie, environ 800 structures se sont créés. En France, « on communique ainsi sur son projet grâce à une plateforme sur laquelle une page lui est dédiée », décrit Valentin Dutote. 

Une multitudes de plateformes internet ont ainsi vu le jour, certaines assez générales, d’autres plus spécifiques comme Lumo, vecteur de l’économie sociale et solidaire et réunissant uniquement des projets d’énergies renouvelables. S’il paraît difficile de discerner des tendances, Florence de Maupeou avance aussi que « des plateformes dédié à des projets sociétaux ou environnementaux ont de plus en plus de succès car elles ont un impact concret ». Difficile de deviner quelles idées feront fortunes. Toutefois, il apparaît que dans le cadre de l’économie sociale et solidaire, les projets défendant certaines valeurs ou soutenant des initiatives de proximité soient particulièrement porteurs. « Ça marche pas mal sur du local (…) les gens vont vouloir accompagner le voisin qui veut ouvrir sa micro-brasserie dans le quartier, l’épicerie locale etc. », souligne Valentin Dutote.

L’intérêt du crowfunding, c’est aussi qu’il court-circuite les intermédiaires. C’est un moyen de se financer plus directement tout en constituant une communauté qui vous soutient. Un moyen de s’affranchir des parcours classiques. Face aux banques, le financement participatif peut donc être une solution complémentaire ou alternative, un petit plus. Il permet aussi de gagner en effet de levier puisque « le banquier est plus enclin à vous accompagner », explique l’expert comptable, lorsqu’un entrepreneur a été auparavant capable de mobiliser quelques milliers d’euros. En fait, « l’intérêt, ce n’est pas de lever de l’argent (…) puisque quand on voit les chiffres, les levées restent assez faibles (…), l’idée c’est de faire parler de son projet, de sensibiliser le grand public », affirme Valentin Dutote. 

Un intérêt que Bertrand Robert, ingénieur et porteur d’un projet éco-responsable a bien compris. Ce dernier souhaite « rendre accessible à tous une alimentation saine et équilibrée », grâce à l’ouverture d’une épicerie collaborative à Porto-Vecchio. Après être allé voir les banques, il a souhaité financer quelques travaux dans son nouveau local. Pour cela, il a eu besoin de 3500 euros. Là lui est venu l’idée du financement participatif. L’opération s’est achevée au début du mois de février et plus de 4000 euros ont été récolté. Un succès qui renforce la philosophie de Bertrand, celle de « l’échange et du partage ». Des valeurs au coeur de l’ESS. 

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