Le mécénat de compétences : la solidarité en entreprise

(Crédit : Pixabay)

Alors que le mécénat est principalement connu sous son aspect financier, des entreprises permettent à leurs salariés de mettre leurs compétences aux besoins d’une association pour une journée ou plus.

Profiter de son temps de travail pour soutenir une association, trop beau pour être vrai ? Pas vraiment. Le mécénat d’entreprise permet de conjuguer solidarité et monde des affaires. Le dispositif se décline sous différentes formes : financière, en nature et en compétences. Si 92% des entreprises mécènes pratiquent le mécénat financier, le mécénat en compétences est en augmentation significative : 20% des mécènes y ont eu recours en 2017 contre 11% en 2015, selon le baromètre du mécénat d’entreprise réalisé par Admical en 2018.

Cet agencement donne la possibilité à une entreprise d’offrir les services de ses salariés pour soutenir une œuvre d’intérêt générale. Les collaborateurs peuvent aider par leurs compétences professionnelles mais aussi personnelles. Certains vont être plus sensibles à travailler avec des animaux, d’autres avec des SDF ou des personnes âgées. « Le but du mécénat de compétences c’est de permettre aux salariés d’une entreprise de donner de leur temps de travail pour aider une association. C’est un moyen d’aider les collaborateurs d’une entreprise à soutenir une cause qui leur est plus chère qu’une autre », explique Maeva Mansuy, chargée de marketing et communication à Umanis.

Umanis : entreprise solidaire

Cette société de service numérique a développé son propre programme en mécénat : Cœur Umanis. Le but du programme : chaque salarié réserve une journée ou une demi journée par an à des fins solidaires sur leur temps de travail. C’est aussi une solution pour les ingénieurs de l’entreprise étant en « intercontrat ». Cette situation spécifique se produit lorsque qu’un salarié se retrouve entre deux missions. Une période idéale pour ne pas rester les bras croisés et retrousser ses manches. « Nous sommes une société de service. On engage des ingénieurs extérieurs pour les placer dans des missions clients. Lorsqu’ils sont en intercontrat on incite nos ingénieurs à participer au programme », expose Maeva.

Le programme, développé en 2019, va mettre en relation les ingénieurs souhaitant servir une bonne cause avec des associations recherchant des besoins particuliers. Sur la base du volontariat, 70 salariés sur les 3000 de l’entreprise ont déjà contribué au programme. Une belle avancée pour la chargée de communication : « Certains le font par eux-mêmes mais on fait aussi des évènements pour les inciter à participer au programme. » 

Des petits déjeuners sont organisés où une association vient se présenter à l’entreprise. Umanis cible alors au préalable les besoins de l’association pour envoyer ses experts volontaires. « S’il y a une association qui cherche un développeur web on ne va pas convoquer des gens qui n’ont pas ces appétences là », continue Maeva. « On organise d’autres types d’évènements comme les workshops. Là ce n’est pas une mais plusieurs associations qui viennent se présenter et c’est un vrai échange. Au fil de la discussion vont naître des besoins nouveaux auxquels les associations n’auront peut être pas pensé. »

Et il n’y a pas que la communication qui s’en mêle. Au service RH, les recruteurs sont chargés de faire valoir l’entreprise à travers son programme de solidarité. Un atout qui peut donner envie à certains candidat : « On parle de Cœur Umanis dans les recrutements, le but c’est d’appuyer dessus pour faire venir les consultants. C’est de la relation de marketing, on essaie de vendre l’entreprise aux candidats qu’on veut recruter », précise Gaëlle Vazquez, consultante en ressources humaines à Umanis. Cet élan de solidarité pourrait en motiver certains à signer dans les entreprises mécènes. Encore faut-il avoir les moyens de mettre en place un dispositif pareil. 

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KOEO, le partenariat essentiel pour développer le mécénat 

Umanis l’a trouvé grâce à KOEO. Un partenariat essentiel pour le lancement du programme. Structure pionnière en France, KOEO est une société experte en déploiement de mécénat de compétence. La société fournit une plateforme à Umanis, lieu de rencontre entre association et salariés. Les ingénieurs en intercontrat entrent en « ressource disponible », c’est-à-dire prêt à rendre leur service, et peuvent voir les missions solidaires disponibles. Une plateforme facile d’accès et qui évite tout un tas de paperasse. « La plateforme met nos ressources disponibles en ligne et les associations qui en ont besoin. En parallèle on essaie de démarcher des associations mais KOEO nous facilite les choses. Ça aurait été très compliqué de commencer sans eux, ça nous évite un travail administratif », déclare Maeva. KOEO se charge donc de trouver les associations dans le besoin et Umanis leur fournit une main d’œuvre volontaire.

Pour Jean-Michel Pasquier, directeur général de KOEO, le partenariat a une double signification. Il s’agit de permettre à Umanis de s’investir en mécénat de compétences et de donner leurs expertises professionnelles et de temps en temps personnelles, mais aussi de faire croître de projets d’intérêt général. « En tant qu’acteur un peu historique du mécénat de compétences depuis 10 ans, c’est très important d’avoir des référents sur le marché du numérique et du digital puisqu’aujourd’hui le monde associatif est confronté comme toutes organisations à la transformation digitale », souligne le directeur général.

Le mécénat d’entreprise serait, selon lui, une réelle solution face au manque de subventions publiques que connaissent les associations. « On est dans une logique de proximité, le mécénat de compétences permet vraiment d’aller aider une association et de découvrir des acteurs souvent méconnus qui ont pourtant un impact très fort au niveau sociétal », explique Jean-Michel Pasquier.

Un avantage pour l’entreprise mais aussi pour ses salariés

De plus en plus d’entreprises s’investissent dans le mécénat de compétences, et pour cause le bénéfice n’est pas des moindres. En terme de fiscalité tout d’abord puisque le mécénat est déductible des impôts de la société. Encadrée par la loi Aillagon de 2003, l’entreprise bénéficie d’une réduction fiscale équivalente à 60% des salaires lorsque les salariés sont en mission. « Sur l’année ça représente un investissement intéressant. C’est quelque chose qui nous apporte en terme de fiscalité mais aussi en terme d’image. On est heureux de participer à une démarche solidaire », indique Maeva Mansuy. Le fait de participer à la vie associative peut donner envie à certains candidats de choisir Umanis au lieu d’un concurrent. Une stratégie de communication essentielle pour l’image de l’entreprise. « On évoque quelque chose de nouveau qu’est le mécénat de compétences et ça peut jouer en notre faveur. C’est un gain en terme d’image », signale la jeune femme.  

« La première fois que j’ai entendu parler de Cœur Umanis c’était pendant mon process de recrutement », révèle Gaëlle. « Ce fut le petit truc en plus qui m’a fait choisir Umanis. » Trois mois après son embauche, la nouvelle consultante en ressources humaines participe à une journée de « team building ». Objectif : resserrer les liens entre collaborateurs en offrant ses services à une association. Gaëlle raconte sa journée : « On est parti une journée à Saint-Denis avec toute l’équipe de recrutement pour aller aider une maison de quartier. La matinée s’est déroulée en trois ateliers : 2 ateliers peinture et un atelier réparation de vélo. Et l’après midi c’était atelier CV pour les personnes de l’association qui avaient besoin d’aide. »

Et les retours sont plutôt positifs. Les salariés prennent plaisir dans leur engagement citoyen. « Ça fait du bien de se sentir utile. Il y a une réelle satisfaction à aider les gens », dévoile Gaelle. Pour Maeva, les bienfaits se font aussi ressentir ailleurs : « la première chose qui ressort c’est que ça leur sort de leur cadre de travail. Nos salariés sont toujours derrière leur ordis et de travailler pour une cause un peu plus noble ça les motivent et ça les rend fières. Socialement c’est super enrichissant. »

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