Épluchures et bicyclettes : premier coup de pédale vers la réduction des déchets

Les bénévoles du jour – Jean-Claude, Eric et Olivier (Crédit : Charlotte Kaiser)

Avec l’aide de la Tricyclerie nantaise et MOTRIS, Épluchures et Bicyclettes naît à Metz en 2017. Chaque mardi et vendredi, l’association messine arpente les rues à vélo électrique pour ramasser des biodéchets chez les commerçants partenaires. L’utilisation du vélo électrique est permise grâce à l’association Metz à vélo qui collabore étroitement avec Épluchures et Bicyclettes.

« Nous avons besoin de vos mollets », exhorte Épluchures et bicyclettes sur leur site internet. Tous les mardis et vendredis, les bénévoles disponibles partent de la Maison du vélo, situé au coeur de la ville, pour ramasser les déchets organiques (marc de café, coquilles d’oeuf…) des différents restaurants de Metz. L’association propose de sensibiliser à la mobilité douce et de valoriser les biodéchets via le compost. Ces derniers représentent plus de 30% de nos poubelles noires.

Armés d’une grosse remorque les bénévoles sont facilement reconnaissables dans les rues messines. Celle-ci appartient à l’association MOTRIS qui coordonne des projets sur l’agglomération messine afin de « promouvoir un projet sociétale viable ». La collecte est ouverte à tous et l’inscription très simple. Il suffit d’inscrire son prénom sur le calendrier mis à disposition sur le site internet de l’association.

Le temps incertain n’a pas démotivé les trois bénévoles du jour. Parmi eux, Olivier Rudez bénévole pour MOTRIS et Épluchures et bicyclettes depuis le début, coordonne les évènements et veille à la sûreté de la remorque tractée par le vélo électrique. Ce mardi, c’est Eric, un habitué qui est en charge de cette périlleuse mission sur les pavés glissants. Jean-Claude, jeune retraité, complète le trio de sa bonne humeur. « J’ai déjà fait une dizaine de tournées », confie-t-il, déguisé en poule pour l’occasion. « J’apprécie le côté convivial et cela me permet de sortir un peu de chez moi ». Il regrette néanmoins le manque de mobilisation et espère que l’association acquiert une meilleure visibilité.

Une tournée bien rodée

« Nous allons commencer par le café associatif le Chaouée situé rue du Champé », lance Olivier. Malheureusement les bénévoles repartent les mains vides. L’établissement est fermé depuis trois semaines. Estimant qu’il y avait un danger pour le public notamment en cas d’incendie, un arrêté municipal a contraint le café à réaliser des travaux. Situé à quelques coups de pédale du café, le prochain restaurateur sur la tournée est plus généreux. Les biodéchets récoltés au bar Le Piaf, finissent dans les bacs de la remorque. L’odeur dégagée par la fermentation des déchets organiques force les passants à s’arrêter. « Vous allez trouver des bouts de cèpes dans votre compost », rigole un employé du Piaf.

Au bout de la rue, les bénévoles s’arrêtent dans un deuxième restaurant – Les Vedettes. Manon, qui travaille en cuisine dans l’établissement, aidé par Jean-Claude, dépose une dizaine de boîtes remplie de déchets organiques à proximité de la remorque. Les bacs à épluchures se remplissent rapidement. « Vous êtes gâtés aujourd’hui », annonce fièrement Manon qui aide volontiers les bénévoles d’Épluchures et bicyclettes. Juste en face les seaux de Day by Day, un magasin de vrac, attendent patiemment les petites mains de bénévoles. Ces récipients accueillent les déchets organiques des habitants du quartier. Il y a un an et demi, le manque des composteurs dans le quartier pousse le gérant – Nicolas à mettre en place ce système. « Le dispositif fait particulièrement écho aux clients de notre magasin qui prônent la réduction des déchets. Ce fut un succès. Au début il n’y avait qu’une poubelle, elle était trop souvent pleine. Nous avons donc mis un deuxième seau pour permettre à tout le monde de déposer leurs épluchures », confie-t-il. La récolte du jour confirme les propos du gérant de la boutique.

Manon les mains pleines confie les épluchures aux bénévoles (Crédit : Charlotte Kaiser)

La tournée se termine au Palais des thés. La vendeuse accueille avec joie l’arrivée des bénévoles. « Je vous attendais avec impatience. J’ai pas mal de thé infusé pour vous, j’ai même dû rajouter un petit conteneur ». Fin de la tournée, elle fut courte mais foisonnante, quatre bacs d’environ 15kg ont été remplis. « Nous passons dans peu de restaurants en ce moment car certains restaurants partenaires ont fermé. Nous allons démarcher d’autres restaurants pour étayer la tournée.», explique Olivier. 

Le compost, seconde vie des épluchures

À la fin de la récolte, direction Bliiida pour les cyclistes du jour afin de déposer les bio-déchets dans les composteurs. Bliiida est un « tiers-lieu de création, de production et d’innovation artistique et numérique ». Chaque mois c’est environ 400kg de bio-déchets qui entament une seconde vie. « Nous mettons les épluchures du jour et de la matière brune dans les composteurs », explique Olivier Rudez. Épluchures et bicyclettes donne ensuite le compost aux agriculteurs ou aux Incroyables Comestibles. 

Cette association a implanté plus d’une dizaine de petits jardins sur l’agglomération de Metz où les passants peuvent se servir de bon gré. « On laisse également le compost à disposition, libre à chacun de venir se servir », explique Olivier Rudez. Jean Claude, le cycliste motivé du jour, se sert volontiers plusieurs fois par mois pour son jardin en permaculture à Moulins-les-Metz. « J’ai encore des tomates bien rouges dans mon jardin », lance-t-il fièrement.

Cette valorisation via le compost effectuée par l’association messine permet « aux biodéchets de ne pas finir brûlés au fond d’un incinérateur », analyse Olivier. Cette démarche bénévole est complètement gratuite du restaurateur qui donne au particulier qui vient chercher son compost. Cette gratuité favorise également les restaurateurs à s’intéresser au projet développé par Épluchures et bicyclettes. 

L’objectif d’Olivier et de ses compagnons est « de sensibiliser et de développer le projet à grande échelle pour inciter à terme les collectivités à faire naturellement cette démarche ». En France, le tri des biodéchets est peu étendu. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) seulement 30% des foyers français pratique le tri. Pourtant, ces derniers produisent 18 millions de tonnes de déchets organiques. 

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