Le bénévolat, atout majeur de l’alimentation solidaire et des épiceries sociales

(Crédit : Pixabay)

En 2018 la pauvreté a touché 14,7% de la population, selon un rapport de l’INSEE, et de nombreux français peinent à se nourrir convenablement. Pour les accompagner, différents réseaux s’organisent afin de créer des structures adaptées pour lutter contre la précarité. L’ouverture et le fonctionnement de celles-ci se caractérisent principalement par l’emploi bénévole.

Médiatisée en France par les Restos du cœur, l’alimentation solidaire poursuit son développement dans l’Hexagone. En parallèle de l’association créée par Coluche, d’autres réseaux luttent chaque jour contre la précarité. Si « Les restos » accueillent 860 000 personnes par an, la Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA) a aidé, selon son rapport d’activité 2018, près de 2 millions de personnes sur l’année.

Parmi les structures encadrant l’accompagnement des personnes dans le besoin, les épiceries solidaires ouvrent de plus en plus leurs portes. Elles permettent à des bénéficiaires triés sur dossier d’avoir accès à des ressources alimentaires à bas prix. À l’achat, ces derniers règlent 10 à 30% du coût. Cette démarche vise à réduire leur impression d’assistanat en leur demandant une contribution financière au projet. Ceux qui profitent des épiceries solidaires ne le font bien souvent que temporairement, le temps de réaliser un objectif financier, régler une facture impayée, rembourser un découvert bancaire, payer des frais de réparation d’un véhicule ou encore acheter un appareil électroménager.

Pour avoir accès à davantage de ressources et disposer de plus de moyens, les épiceries solidaires se constituent en réseau. L’un d’eux, l’Association Nationale pour le Développement des Épiceries Solidaires (ANDES) regroupait 372 magasins au 1er janvier 2019. En échange d’une cotisation annuelle de 100€, elle soutient les épiceries adhérentes en proposant des solutions d’approvisionnement au niveau national, des partenariats, ainsi qu’une représentation externe. Concrètement, l’ANDES envoie un animateur régional qui coordonne les missions au niveau locale et se charge de la gestion opérationnelle des structures. Selon le rapport d’activité 2018 de l’ANDES, ces avantages ont permis au réseau d’augmenter de 17% le nombre d’épiceries entre 2017 et 2019.

Ces chiffres sont « satisfaisants et confirment la tendance du secteur », confie Christelle Périn, responsable communication à l’ANDES. En 2020, l’association estime que le nombre d’épiceries adhérentes va repartir à la hausse après une certaine stabilité en 2019. « Nous percevons une forte demande, ne serait-ce que via les sollicitations spontanées que nous recevons. Il y a une tendance à la multiplication des épiceries solidaires qui devrait augmenter encore de manière significative au cours des années à venir », explique Christelle Périn.

Le bénévolat au cœur du secteur de l’alimentation solidaire                                    

Ces différentes structures engagées dans l’alimentation solidaire ne pourraient exister sans le soutien des bénévoles. En effet, la plupart des organismes agissant dans ce secteur disposent d’un personnel non rémunérés bien supérieur en nombres par rapport aux salariés. Par exemple, la Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA) dispose selon son rapport d’activité 2018 de 6250 bénévoles permanents pour seulement 508 salariés. Un chiffre en constante augmentation, selon son président, Jacques Bailet. Le nombre de bénévoles de la FFBA a augmenté de 6,5% entre 2017 et 2018. Dans le secteur des épiceries sociale et solidaire, on observe également une augmentation chez l’ANDES qui passe de 4740 à 5434 personnes entre 2018 et 2019.

Afin de déterminer les raisons de leur engagement, chaque année, la FFBA réalise une étude auprès de ses bénévoles. La principale motivation de ces bénévoles se traduit par « une envie d’être utile pour la société et pour les autres ». On remarque également dans cette étude que c’est majoritairement le fait d’être plus disponible qui a poussé les bénévoles à s’engager auprès des associations. Les principaux concernés sont les jeunes, selon le président de la Fédération. Il explique ce phénomène par les actes de sensibilisation des acteurs de l’alimentation solidaire au sein des établissements scolaires. Bien que les travailleurs volontaires soient majoritaires au sein de ces organismes, ces derniers travaillent en collaboration avec des salariés ce qui permet de varier les profils.

D’autres options existent pour recruter des volontaires. « Le service civique est un outil très utilisé par notre réseau », signale Christelle Périn. Ce contrat, proposé par l’État et pouvant aller de 6 à 12 mois, permet à des jeunes (16-25 ans) d’effectuer des missions d’intérêt général contre une rémunération de 573€. Cela permet aux associations de bénéficier de main d’œuvres à des frais relativement restreints dans la mesure où la majeure partie de cette somme est financée par des aides publiques. Une main d’œuvre supplémentaire qui vient compléter à moindre coût l’apport des bénévoles.

Ainsi dans le secteur de l’alimentation sociale et solidaire, le constat est très clair. Sans la forte implication des bénévoles ou des personnes réalisant un service civique, les différentes structures et associations opérant dans ce domaine ne pourraient pas exister et fonctionner comme elles le font aujourd’hui.

Selon l’ANDES, le Projet de Loi et Finances (PLF) 2020 du gouvernement prévoit une légère augmentation du budget alloué au CNES (Crédit National Épiceries Solidaires). Si cette tendance se confirme, elle laisse présager un contexte favorable pour aller plus loin dans le développement de l’alimentation solidaire.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here