Le Carillon. Du 11ème à tout Paris, l’aide aux plus démunis

Logo du projet Le Carillon

Le 12 décembre, l’association La Cloche à l’origine du projet Le Carillon a été récompensée par le Grand Prix de l’Innovation de la Ville de Paris. En deux ans, le projet a su réunir plus de 450 commerçants parisiens qui s’engagent à rendre des services aux plus démunis.

L’arrivé du froid, comme chaque année à cette période, marque le début de la trêve hivernale. Les associations qui viennent en aide aux personnes à la rue s’agitent. Il faut dire qu’à Paris, on compte 80% de SDF de plus qu’il y a 10 ans. Et bien souvent, les aides sociales ne suffisent pas. Les logements ne sont pas assez nombreux pour les accueillir. Alors les couloirs du métro sont pris d’assaut. Difficile de trouver un endroit calme pour se réchauffer. Et si l’on prend le temps d’observer, on se rend rapidement compte que très peu de passants s’arrêtent, prennent le temps de discuter, d’aider.

Alors comment survivre quand on est à la rue, à Paris ? Chaque jour, des bénévoles viennent en aide aux personnes sans domicile. Nourriture, vêtements, services, ou rien qu’une présence, une écoute. Chacun de ces gestes permet de rendre un peu moins dur le quotidien.

Julia est la coordinatrice parisienne de La Cloche. L’association qui a été primée mardi vient en aide aux plus démunis. Le concept est simple : mettre à leur disposition des commerces prêts à les accueillir. Ils peuvent ainsi aller aux toilettes, se faire couper les cheveux, laver du linge, etc. Le fondateur de cette association et du projet Le Carillon est Louis-Xavier Lecas, Julia le connaît bien. Il a eu l’idée de ce projet en 2014, après avoir travaillé dans l’humanitaire à l’étranger. Il vient du 11ème arrondissement, le premier à avoir bénéficié de cette aide. Louis-Xavier Lecas était déjà bénévole dans une autre association parisienne, qu’il a quitté pour mettre en place l’idée qu’il avait en tête. Créer une association qui mettrait en avant le citoyen solidaire, pour lutter contre l’isolement des SDF.

C’est ainsi que Le Carillon est né. Le fondateur tient à rappeler que dans la rue, l’isolement peut tuer. Alors pour lutter contre, chacun doit pouvoir agir à son échelle. « En tant que citoyen, on peut acheter un bien à un tarif social et le distribuer ensuite à une personne sans domicile que l’on croise sur notre chemin. Sinon on fonctionne aussi avec le système des produits en attente » explique Julia. C’est le cas des cafés payés par un habitant et mis de côté pour un SDF, par exemple.

« Ils ont l’habitude d’être jetés des commerces ! »

Une étude pour BVA-Emmaüs révèle que 83% des SDF souffrent du rejet à leur égard. Julia l’affirme, « beaucoup ont l’habitude de se faire rejeter d’un commerce ». Les choses doivent changer. L’association va à la rencontre de commerçants pour leur expliquer le concept. Les commerçants participants affichent sur leur devanture un stickers avec les services qu’ils acceptent de rendre. Cela peut aller de l’utilisation des WC, le droit de remplir sa bouteille d’eau, à la possibilité de laver ses vêtements. « On ne fait pas juste de la distribution de service. Les biens peuvent être un repas, une coupe de cheveux. Ils sont distribués, par les citoyens qui les achètent, sous forme de bons. » Cela permet de créer un lien social, de mettre les citoyen au service des plus démunis.

« L’objectif est de casser les clichés, et de redonner une meilleure image aux SDF. A la fois de la vision qu’ils ont d’eux-mêmes, et de la vision qu’ont les habitants. » Mais ce n’est pas toujours évident de gagner la confiance des personnes à la rue. L’association a pour but premier de créer du lien social. « Les personnes dans le besoin peuvent se rendre dans un commerce voir directement s’il y a un bon en attente. L’objectif est qu’elles ne soient pas sans cesse en train d’attendre. Mais on est là aussi pour les accompagner. » Les SDF n’acceptent pas toujours l’aide, préférant être indépendants pour garder une part de dignité. « Ce sont généralement des personnes qui ont l’habitude d’être jetées des commerces. Alors il faut franchir le pas, c’est quand même une démarche. On peut alors les accompagner la première fois, aller boire un café ensemble, pour leur montrer que ça se passe bien. »

Julia se veut rassurante, gagner la confiance des personnes à la rue fait aussi parti des objectifs de l’association.

Une ambition au delà des murs parisiens

En 3 ans, l’association a su se faire une place dans la capitale. Le projet Le Carillon, qui n’était présent que dans le 11ème arrondissement s’étend désormais au tout Paris. Au départ, ça a été à l’association elle-même de démarcher les commerçants. Désormais, il n’est pas rare pour Julia d’être contacté par eux directement dès lors qu’ils ont eu écho de ce projet. Et cette collaboration, quand elle a lieu, se fait toujours dans une bonne ambiance.  « Avec ceux qui sont réticents, cela ne se fait pas, tout simplement. On n’a pas que des réponses positives. Certains refusent parce que leur commerce n’est pas adapté, d’autres parce qu’ils n’ont pas grand chose à offrir. »

Mais la liste des participants est déjà longue : près de 500 commerces parisiens, de plusieurs domaines. « On observe une assez grande diversité de commerces. Il y a un peu de tout, c’est assez chouette. On a tendance à penser qu’il y a surtout des bars, mais pas que. On a aussi de librairies, une retoucherie de vêtements, des pressings, des restaurant. » La pharmacie Pharmavance, dans le 20ème a rapidement accepté de participer à ce projet. Tout comme la boutique de prêt-à-porter Les Impertinentes du 2ème arrondissement qui proposent aux SDF de charger leur téléphone portable et de remplir leur bouteille d’eau. Une manière de les aider au quotidien.

L’ambition de l’association La Cloche ne s’arrête pas aux frontières de Paris. Le projet est déjà en développement dans quelques villes de France. « On est pour l’instant en expérimentation à Melun, mais on est également présent à Lyon, Lille, et Marseille. On y va doucement, on essaye déjà de stabiliser ce qu’on a, avant d’ouvrir dans de nouvelles villes. » Une petite centaine de commerçants a déjà rejoint le projet.

Depuis le prix gagné mardi et la baisse des températures, l’association suscite un vif intérêt. Julia tient à garder son objectif sans se laisser déconcentrée. « En hiver, on est davantage sollicité par des médias que par les personnes dans le besoin elles-mêmes. Mais en réalité, l’été est une saison tout aussi difficile. Nous, on fait de la sensibilisation toute l’année. Notre démarche ne démarre pas qu’en hiver. »

 

Précisions sur Le Carillon

Beaucoup de personnes ne parviennent pas à différencier Le Carillon et La Cloche. Julia tient à remettre les choses au clair. L’association s’appelle La Cloche. Et Le Carillon est le premier projet de l’association. « La Cloche est créée en décembre 2014 à Paris, et le premier projet, qui concerne uniquement le 11ème arrondissement est né un an plus tard. » L’objectif de l’association est de favoriser le lien social, notamment au travers du projet Le Carillon qui travaille main dans la main avec les commerçants. Mais La Cloche met aussi en place des événements réguliers. C’est le cas notamment des Cloches de la Solidarité, qui rassemblent chaque mois les citoyens et les personnes à la rue le temps d’une soirée.

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