À Angers, La Boutique de Droit offre une aide juridique gratuite et anonyme. Besoin d’un coup de pouce sur une procédure ? L’association s’en charge. Vous ne savez pas vers qui vous diriger pour votre problème juridique ? Les bénévoles vous redirigent vers les professionnels compétents.
Depuis un an maintenant, Justine, 24 ans et étudiante en Master 2 Droit des affaires, est bénévole à La Boutique de Droit : « J’ai intégré l’association en Master 1. Je voulais avoir réellement une expérience de bénévolat dans la continuité de mes études de droit. On rencontre des cas concrets, ça permet de découvrir le métier et de rencontrer des gens du milieu. ».
Au cœur de l’Anjou, en 1976, des professionnels magistrats, avocats et enseignants fondent La Boutique de Droit. Depuis, cette initiative sociale et solidaire fonctionne grâce à de nouvelles recrues notamment étudiantes, chapeautées par Marie-Charlotte, présidente de l’association épaulée par Inès Bey, secrétaire générale. L’association entend démocratiser le droit en proposant une aide juridique gratuite et anonyme à tous.
Des permanences sont proposées le jeudi toutes les deux semaines de 18h à 19h à la Maison de la justice et du droit sur rendez-vous, chaque samedi matin de 10h à 12h, hors période de vacances scolaire, et sans rendez-vous dans les locaux du centre Jean Vilar, à la Roseraie. Les premiers mardis de chaque mois, une permanence destinée essentiellement aux étudiants et au personnel de l’Université d’Angers a lieu à la Faculté de Droit, sur le campus de Saint-Serge : « La personne arrive avec un dossier, elle raconte son histoire, on regarde les papiers amenés et on répond aux questions. », explique Justine.
« Certains ont juste besoin de venir raconter leur histoire »
A deux et sur la base du volontariat, ces bénévoles spécialisés proposent une aide juridique sur des sujets du quotidien. « Personnellement, j’ai beaucoup de questions de droit de la famille, des histoires de divorces ou de garde d’enfants, des problèmes de voisinage ou encore du droit des migrants », raconte Justine. D’autres fois, il s’agit de vulgariser un vocabulaire juridique pas toujours intelligible pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat. « On a d’un côté des gens qui viennent pour remplir des demandes en Justice et de l’autre, ceux qui ne comprennent pas à quoi ils sont condamnés donc il faut d’abord leur expliquer. S’ils ne sont pas d’accord avec la décision rendue, on leur explique leurs droits de recours. », détaille Justine.
Par ailleurs, la Boutique de Droit sert également d’intermédiaire entre les personnes dans le besoin et des professionnels compétents. « On est beaucoup à être spécialisé en droit privé. Donc quant on manque de spécialiste, on réoriente les gens vers des associations ciblées ou le type de personne à contacter, les gens ne savent pas toujours à qui s’adresser quand ils sont face à un problème. », déclare l’étudiante. L’étudiante angevine raconte néanmoins que, plus que l’intervention en elle-même, parfois il suffit à la personne de se sentir écoutée : « Le côté social et humain intervient beaucoup, certains ont besoin de venir raconter ce qui leur arrive… Rien que de raconter leur histoire, ça les aide. », reconnaît Justine.
Mais tout se fait à l’oral. « Tout document écrit engage notre responsabilité. En ce peu de temps qui nous est accordé, soit entre trente minutes et une heure, on n’a pas le temps de faire de vraies recherches. On a des étudiants, on ne peut pas leur demander d’engager leur responsabilité, il n’y a pas de contrat même si nous sommes évidemment soumis à une charte qui exige la confidentialité et la préservation de l’anonymat. », explique Justine. Sur le site de l’association, est alors préconisée la prise de notes pendant le rendez-vous. Et ce principe de conseils oraux est mis à rude épreuve en ce moment : « Comme on ne peut pas rendre compte à l’écrit, on ne peut pas répondre par mail aux demandes… Pour l’instant, on essaye de maintenir les permanences et on réfléchit peut-être à une permanence téléphonique. », réfléchit Justine.
Un nouveau bureau plein d’ambition
Mais si ces services constituent un précieux coup de main, l’association peine à se faire un nom : « Avant, l’ancien local était très mal situé et il n’y avait pas beaucoup de jeunes au sein de l’association… », regrette Justine. Quarante ans plus tard, de nouvelles recrues prennent le relai et tentent de mettre leur initiative au-devant de la scène, pour séduire une nouvelle cible : les 18-30 ans. Car ce sont principalement des quadragénaires et des quinquagénaires qui, au détour d’une petite annonce émise dans le journal ou au Forum des associations, découvrent et profitent des services. Le reste, c’est le bouche-à-oreille, les quelques affiches au sein de l’Université et l’article récemment publié sur angersmaville.fr. « Inès Bey, secrétaire du bureau, est arrivée depuis peu et elle a plein d’idées ! On essaye de dynamiser le groupe pour rendre l’association plus attractive pour les jeunes. Un pôle communication est en cours de création, on a créé un compte Instagram, une page Facebook et on organise des afterworks même si tout est suspendu le temps du Covid… », regrette Justine.