« Des femmes qui aiment, regardent et font du cinéma »

(Crédit : CNCRESS)

Le mois de novembre est consacré à l’économie sociale et solidaire (ESS). Plusieurs prix sont décernés par le Conseil National de l’ESS. Parmi eux le prix de l’égalité femmes-hommes, créé en 2018, récompense les organisations luttant contre l’inégalité femmes-hommes : sensibilisation à l’égalité, défense des droits de femmes. Ou par le biais d’une démarche favorisant l’égalité comme une politique de mixité des métiers. Nous avons rencontré l’association lauréate du premier prix de l’égalité femmes-hommes. Située dans le 11e arrondissement, l’association Femmes et Cinéma a été fondée par deux productrices, Stéphanie Douet et Sandrine Pillon. Son objectif est de changer les stéréotypes féminins et l’image de la femme par le biais de la culture cinématographique. À cette occasion nous avons interviewé Estelle Allard Samain, chargée d’administration et de gestion de projets culturels.

Pourriez-vous présenter votre association, en quelques phrases

Notre association Femmes et Cinéma a été créée en 2014 et travaille essentiellement sur ce que nous appelons l’éducation à l’image. C’est-à-dire que nous nous rendons dans les lycées, pour faire travailler les élèves sur l’égalité entre les filles et les garçons, la lutte contre les discriminations en utilisant les média culturels que sont le scénario et le cinéma.

Est-ce difficile de travailler avec des lycéens ? Les préjugés sont-ils très forts ?

Oui, il y a des préjugés qui sont ancrés. Après ils sont à un âge où c’est facile de déconstruire les stéréotypes et surtout où il est encore possible de le faire. Mais oui ils ont parfois des réactions qui relèvent des stéréotypes ancrés sur des discriminations notamment sur le sexe et le genre.

Sur quels points du projet les lycéens interviennent-ils ?

Ils interviennent dans tout. Ils écrivent le scénario et réalisent ensuite le court-métrage. Nous faisons intervenir des professionnels de l’éducation aux images pour les accompagner. Mais sinon ce sont les lycéens qui sont maîtres de leurs projets. Ils sont accompagnés tout au long du processus de l’écriture à la réalisation, mais choisissent leurs idées, leurs intentions, ce qu’ils souhaitent faire finalement.

Avez-vous ressenti un changement suite au mouvement MeToo, ou un avant/après ?

Dans le cadre de notre milieu, les choses bougent légèrement. En tout cas il y a une prise de conscience généralisée depuis l’affaire Weinstein (NDLR : octobre 2017). Après nous restons quand même sur des chiffres assez aberrants en termes d’inégalités. Les spécialistes de la question s’activent pour faire réellement bouger les choses.

Sur le site internet de votre association, on peut voir d’autres programmes associatifs, comme un concours photo

En effet, nous avons deux autres grands projets : un concours photo et un appel à scénario. Le concours photo a été lancé en 2017 sur la citoyenneté des femmes, 13 photographies ont été sélectionnées et rassemblées dans une exposition itinérante qui a tourné un peu partout dans Paris. Là nous relançons le concours photo début 2020, sur la thématique « Femmes dans l’ombre du cinéma ». L’idée étant de valoriser les femmes techniciennes du cinéma qu’on ne voit pas à l’écran et de lutter contre les stéréotypes de l’imaginaire collectif où les femmes sont seulement actrices, costumières, maquilleuses. Nous voulons mettre en lumière les femmes réalisatrices, les monteuses etc.

Et concernant la collection de courts-métrages « Femmes Actives » ?

Il s’agit d’un appel à scénario également lancé en 2017, en partenariat avec des boîtes de productions notamment Sensito Films et Les Fées Productions. Ce projet est destiné aux gens de la profession, l’objectif étant de faire émerger des films qui permettent d’aborder la question des femmes dans le milieu professionnel. Nous souhaitons dénoncer les stéréotypes liés au sexe, que les femmes peuvent rencontrer dans certains milieux. Je pense notamment à notre premier film Max, l’histoire d’une jeune fille qui veut devenir garagiste et qui se heurte évidemment au cliché du garagiste masculin. Mais notre association est déjà prise par le projet  « Regards de Femmes ».

C’est d’ailleurs pour ce projet « Regards de Femmes » que vous avez reçu le prix ESS de l’égalité femmes-hommes, depuis combien de temps ce projet existe-t-il ?

Oui, nous avons reçu ce prix pour l’édition 2018. Cette année sera la troisième édition de  » Regards de Femmes  ».

Ce prix a-t-il apporté quelque chose à votre association, comme une meilleure visibilité ?

À part de l’argent (rires). Nous devions être accompagnés sur un DLA (Dispositif d’Accompagnement Local), un dispositif d’accompagnement aux associations mais le prix nous a permis d’avoir une forme de crédibilité, surtout devant nos partenaires financiers et institutionnels. En termes de visibilité l’impact reste très réduit. 

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