Des services gratuits avec l’Accorderie

Crédits : Accorderie 18e

Inspirée d’un concept né au Québec, l’Accorderie est une association qui vise à lutter contre l’exclusion sociale. Pour ce faire, l’unique monnaie est le temps, ce qui permet à tous d’accéder à divers services, comme un arrosage de plantes ou un cours d’anglais.

L’Accorderie Paris 18 est l’une des 35 Accorderies présentes en France. Elle voit le jour en 2013 et compte aujourd’hui plus de 200 membres, appelés « accordeur(e)s ». Les inscriptions sont ouvertes à tous. Le but : permettre à tous les membres de bénéficier d’un service en échange d’un autre. L’argent est exclu afin de permettre à tous de profiter de ces services.

 

Le temps comme seule unité de mesure

C’est une « alternative à la marchandisation », selon Marie, membre de l’association depuis 2014. « Lorsque je participe au fonctionnement de l’Accorderie, je suis rémunérée en temps, ce qui alimente mon compte, tous les accords se terminent par la remise d’un chèque-temps à celui qui a rendu le service, après accord entre les deux parties sur le temps passé et le temps du déplacement, s’il est important » explique-t-elle. Dès l’inscription d’un accordeur, un compte temps lui est attribué et 15 heures y sont créditées. « Tous les services sont égalitaires : le ménage est équivalent à de la programmation informatique par exemple. L’unique monnaie d’échange est le temps ». Lorsqu’un « échange » – service rendu à un accordeur par un autre – s’effectue, celui qui a bénéficié du service rédige un chèque-temps qu’il remet à celui qui l’a aidé. Les chèques, une fois remis à l’Accorderie, sont enregistrés et les comptes sont, débités d’un côté, et crédités de l’autre.

 

Créer de la mixité et du lien social

Avoir recours à un fonctionnement non-monétaire permet à toutes les catégories sociales de devenir accordeur. L’Accorderie Paris 18 regroupe le 18ème arrondissement de Paris, le 17ème et Saint-Ouen (93). « Ceci permet de favoriser la mixité sociale et inter-génerationnelle » selon Claude, un autre membre. L’association a pour volonté d’améliorer les conditions et la qualité de vie des accordeurs d’un même secteur géographique. Ainsi, chômeurs, personnes en activité, retraités peuvent s’entraider.

« J’avais besoin de me sentir utile, que ce soit en proposant des services ou en participant au fonctionnement de l’Accorderie » explique Claude. Pour Françoise, retraitée, devenir membre c’était avant tout pour occuper son temps libre mais aussi « parce que le lieu est proche de mon domicile, parce que j’y trouve mon compte.»

Aujourd’hui, 200 accordeurs de tous les milieux sociaux sont inscrits. Pour Marie c’est avant tout un moyen de « créer de la mixité et du lien social sur un quartier et de développer le pouvoir d’agir des citoyens. »

 

Une ouverture sociale et culturelle

En plus de se servir une cause qui leur importe, les accordeurs comme Marie y font des rencontres « inattendues et enrichissantes ». Claude, qui a fait réparer sa poignée, a rencontré une personne effectuant du bricolage « Nous avons, depuis, gardé des contacts amicaux. ». Une fois par mois, des rencontres permettent aux membres de nouer des contacts. Lors de ces rencontres les accordeurs demandent des services et des « échanges » s’organisent. En dehors de ces réunions, une base de données permet aux utilisateurs de rechercher les offres des services proposés. Cours d’anglais, hébergement, confection de rideaux, entretien de plantes, garde d’animaux, promenades, rédaction de courrier, travaux, aide informatique…  Les services, variés, permettent aux accordeurs de trouver ce qu’ils cherchent et de s’enrichir des connaissances de chacun.

Selon Claude, « La participation des accordeurs est indispensable au bon fonctionnement de l’Accorderie pour assurer les permanences d’accueil, gérer les comptes-temps, organiser les ateliers collectifs, les soirées conviviales, faire découvrir l’Accorderie à travers des événements extérieurs. Il y a donc des échanges individuels, associatifs et collectifs. »

L’entraide entre particuliers, qu’ils soient ou non membre d’une même association, est un phénomène de plus en plus répandu. Internet regorge de sites internet dédiés à ce type de services mais ceux-ci sont, pour la plupart, payants.

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