Joséphine pour la beauté des femmes est une association qui s’engage pour que toutes les femmes en situation précaire se sentent confiantes et sûres d’elles au quotidien. Prendre soin de sa beauté serait un bon moyen d’avancer sereinement dans sa vie sociale et professionnelle. Zoom sur ce salon solidaire, décrypté par Nadège Moniez, responsable Salons Solidaires.
Joséphine pour la beauté des femmes a été créé en 2006 par Lucia Iraci, qui avait son propre salon de coiffure à Odéon. Son constat : les femmes sont plus empreintes à la précarité que les hommes. Avec plus de 20 ans de carrière derrière elle, Lucia Iraci s’est demandée comment faire pour améliorer la condition de ces femmes en situation difficile grâce à son expertise. En ce qui concerne aussi bien la vie sociale que la vie professionnelle, “tout passe par l’estime de soi”, constate Nadège Moniez, responsable Salons Solidaires. Lucia Iraci a donc voulu aider ces femmes vulnérables à retrouver confiance en elles. Pour se faire, elle a proposé ses soins dans des lieux associatifs ainsi que dans son propre salon à Saint-Germain-des-Prés, les jours de fermeture. Un succès tel que la coiffeuse de renom a créé les salons de beauté Joséphine en 2011 dans le 18ème arrondissement. “L’association Joséphine s’inscrit dans une démarche d’entrepreneuriat social et solidaire : faire de la beauté un levier pour que chaque femme prenne sa place au sein de la société”, explique Nadège Moniez. Cette société dans laquelle nous vivons “juge bien trop souvent sur l’apparence et cette vision joue un rôle dans notre vie privée et professionnelle”.
“On accueille toutes les femmes dans le besoin”
“L’association reçoit environ 700 femmes par an. 6000 depuis sa création”, estime Nadège Moniez. Ces femmes entre 16 et 60 ans sont majoritairement des victimes de violences, des jeunes filles-mères, des prostituées, des migrantes, des femmes à la tête d’une famille monoparentale, éloignées de l’emploi. L’association Joséphine les accompagnent sur une durée d’environ un an : ”On accueille toutes les femmes, celles qui en ont besoin, qui sont éloignées de l’emploi et tentent de revenir sur le marché du travail. Elles sont pour la plupart orientées vers Joséphine Beauté grâce à d’autres acteurs sociaux partenaires”, poursuit la responsable Salons Solidaires. “L’association comporte 4 salariées : une coiffeuse, une esthéticienne, une coordinatrice et une responsable. Il ya également 20 à 30 bénévoles professionnels”. Pour trois euros symboliques, différents services sont proposés à ces femmes en situation de précarité. Esthétique, coiffure, dressing room, conseil en image, maquillage mais aussi consultation de gynécologie, sophrologie, psychologie et réflexologie sont mis à disposition de ces personnes pour les mettre en confiance et les conseiller. Des ateliers pour réaliser un CV et des simulations d’entretiens sont également proposés. Les professionnels de Joséphine tentent d’adapter leurs pratiques aux envies et aux besoins de chaque femme. Pendant la durée de leur parcours beauté annuel – environ 6 séances – ces personnes bénéficient d’un suivi personnalisé effectué par la coordinatrice du salon. “Un bilan est ensuite réalisé avec la structure prescriptrice partenaire, ce qui permet d’évaluer l’impact à long terme”. Parmi les partenaires de Joséphine pour la beauté des femmes, la boutique Caroll, la fondation l’Oréal, Ile de France, Meetic, Maybelline ou encore Bréal.
Quel impact sur la vie sociale et professionnelle de ces femmes ?
“En six ans, seules 10 % à 20 % des femmes ont retrouvé un travail, mais les autres ont relevé la tête. Le déclic est très long. La première fois, on assiste souvent aux larmes silencieuses face à la prise de conscience de ce qu’elles sont devenues, c’est très poignant. On les touche, on parle les yeux dans les yeux, la parole s’ouvre avec prudence. On rend de la légèreté aux femmes submergées par la honte et la culpabilité. Petit à petit elles se regardent à nouveau. Elles quittent leur isolement et se sentent ici en famille”, a constaté Lucia Iraci, la créatrice de l’association, interviewée par Le Monde, en 2017. Joséphine pour la beauté des femmes a été d’une aide précieuse pour Aurélie, cliente du salon social et solidaire : “Joséphine m’a permis de pouvoir accéder à une psychothérapie même si on n’a pas les moyens de le faire, avec quelqu’un de très bien. Je fais aussi de temps en temps la coiffure et c’est clairement quelque chose que je n’ai pas les moyens de faire. Par rapport à un salon de coiffure normal, les gens sont beaucoup plus chaleureux, accueillants. Il n’y a pas de notion de commerce”, a-t-elle témoigné sur la page Facebook de l’association. Après un an d’existence, l’association s’est rendue compte qu’elle n’était pas en mesure de répondre à toutes les demandes. D’autres salons ont donc ouvert à Moulins et à Clermont Ferrand (ouverture en juillet 2018) pour répondre à toutes les attentes des femmes à travers la France.