La monnaie locale favorable à l’économie

Crédits : pixabay

La monnaie locale est une tendance qui compte de plus en plus d’utilisateurs. En France, elle se développe depuis 7 ans. Connue pour agir de manière positive sur l’économie locale, elle a aussi un rôle non négligeable sur l’écologie.

La monnaie locale complémentaire et citoyenne est une monnaie complémentaire à l’euro, liée à un territoire. Elle s’utilise comme une sorte de bon d’achat, valable auprès de prestataires qui répondent à une charte de solidarité et de respect de l’environnement. Elle ne remplace pas l’euro. C’est un outil d’éducation populaire de réappropriation de la monnaie.

Ce type de monnaie existe partout dans le monde, surtout depuis la crise économique de 2007-2008. Au 1er octobre 2016, on comptait 500 000 monnaies locales dans le monde, et plus de 35 en France. 40 sont en cours de création. On peut déjà citer la Gonette à Lyon, la Pêche à Montreuil, le Stück à Strasbourg…

De quelle manière participe-t-elle au soutien de l’économie locale ?  

La monnaie locale favorise une consommation de proximité et de qualité, renforce le lien social et développe l’entraide entre citoyens et professionnels. La monnaie circule pour acheter des biens, et des services. Elle crée directement de la richesse sur le territoire, et en circulant 3 à 10 fois plus vite que l’euro, elle soutient la création d’emplois.

Prenons l’exemple d’Annecy. Un projet de monnaie locale est en place depuis près de trois ans maintenant. Nommée la Gentiane, elle sera utilisée uniquement dans le bassin annécien, où elle servira pour les échanges entre commerçants, artisans, producteurs, et consommateurs locaux. Sophie Castellano, membre de l’association « La Gentiane », explique que cette monnaie permet de « relocaliser complètement l’économie à l’échelle de la ville, avec pour objectif d’être au service du territoire ». En effet, en donnant 50€, on reçoit 50 Gentiane. 1€ est donc égal à une Gentiane. Le principe est simple. « Les 50 euros vont à la banque coopérative, qui elle, finance des projets locaux et solidaires, alors que quand vous donnez 50 euros à votre banque, ils partent dans la sphère financière. La monnaie vous échappe complètement ».

La monnaie locale ne profite pas qu’au territoire, elle profite aussi aux commerçants. En effet, Lucas Rochette-Berlon, co-fondateur de « Une monnaie locale pour Paris », explique que forcément, les premiers commerces à s’investir dans la monnaie locale vont être les entreprises déjà militantes, comme Biocoop par exemple. Mais, la monnaie circulant beaucoup plus vite, elle crée beaucoup plus d’échanges, et donc de richesse. Cela donne en plus une très forte visibilité à ces entreprises : « La plupart des PME n’ont pas de site internet, elles n’ont pas les moyens de faire de la communication. Le fait d’appartenir à la monnaie locale va leur permettre d’avoir une visibilité très forte car elles vont avoir une médiatisation importante. Les utilisateurs vont en plus changer progressivement de commerce car ils vont se tourner vers l’entreprise qui a la monnaie locale. Cela apporte à l’entreprise une nouvelle clientèle, qui va lui être fidèle ».

Lucas avertit cependant des risques que peuvent engendrer la portée économique de la monnaie locale : « A moyen terme, on risque d’avoir des entreprises qui ne partagent pas forcément nos valeurs, qui vont juste être intéressées par le gain économique, et vont donc vouloir adhérer à la monnaie locale. » C’est là qu’intervient la charte. Toutes les entreprises qui veulent devenir partenaire de la monnaie locale doivent signer une charte. « Si elles ne remplissent  pas les objectifs de la charte, elles ont deux ans pour le faire » souligne Lucas.

Comment la monnaie locale peut agir en faveur de l’environnement ?

La monnaie locale permet de relocaliser totalement la production. Cela réduit alors considérablement les transports, et donc l’empreinte écologique. A Annecy, Sophie Castellano nous donne l’exemple d’un boulanger qui achetait sa farine assez loin : « On a réussi à trouver un meunier dans le coin. Ca va permettre, en plus de lier des relations entre eux, de relocaliser totalement la production de cette boulangerie. Cela va réduire considérablement l’impact des transports ». Lucas, de la monnaie pour Paris, confirme également cet avantage : « ce qu’on importait à des milliers de km, par avion, bateau, va pouvoir être produit à quelques kilomètres de chez nous, donc déjà au niveau des transports ça a un impact énorme. »

De plus selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), les monnaies locales permettent d’orienter les comportements des citoyens vers une consommation durable. En effet, la Gentiane fait partie de ces monnaies que l’on appelle les « monnaies vertes ». Elle exclut de son réseau les entreprises qui ont des pratiques non responsables, comme l’agriculture intensive, ou l’élevage hors-sol, ce que confirme Sophie Castellano : «  Si les commerçants veulent devenir partenaires de la monnaie, ils doivent signer une charte. Ils s’engagent alors à réduire l’impact écologique de leur production. Par exemple on ne prend pas les magasins comme Carrefour ». Comme les utilisateurs de la Gentiane ne peuvent dépenser leur monnaie que dans ce type de magasin, ils ont forcément une consommation durable, sans presque même s’en rendre compte. C’est une manière d’encourager les citoyens à privilégier les commerçants locaux, sélectionnés pour leur engagement en faveur de l’environnement.

Selon une étude de l’ADEME, l’impact de ces monnaies sur l’environnement est encore « faible et difficile à mesurer », mais ces monnaies n’en demeurent pas moins « un outil pertinent pour sensibiliser les acteurs et flécher leurs comportements en fonction des objectifs environnementaux que l’on poursuit »

De plus, la monnaie locale permet également de modifier la manière de produire. Quand la production s’effectue à des milliers de kilomètres, il n’y a aucun intérêt pour le producteur à regarder les conditions de travail. Or, lorsque la production se fait à côté, on peut avoir une exigence, un droit de regard. Pour Lucas, « Cela permet d’avoir des exigences fortes sur les droits sociaux, et la qualité écologique de production. Cela permet donc d’allonger considérablement la durée de vie des vêtements par exemple, alors que le textile est la 2ème industrie la plus polluante au monde après l’élevage. »

 

Toutes les monnaies locales françaises sont répertoriées sur le site www.monnaie-locale-complementaire-citoyenne.net, Le site renvoie ensuite sur les sites officiels de chaque monnaie.

Pour ensuite obtenir cette fameuse monnaie locale, tout dépend de là où vous vous trouvez. A Annecy, les utilisateurs paient une adhésion de 10€ par an à l’association « La Gentiane ». Il suffit ensuite de donner autant d’euros que l’on veut recevoir de Gentianes. Cela peut se faire dans des bureaux de change, installés un peu partout dans la ville. Des commerçants peuvent aussi faire office de bureau de change.

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