Lilo, Ecosia : la solidarité à portée de clics

(Crédits : Ecosia.ORG)

Les moteurs de recherche solidaires donnent à chacun le pouvoir d’agir. Une recherche sur internet représente une action en faveur de l’environnement ou d’une association. Zoom sur deux outils de navigation qui font la différence.

La France, l’Europe, la planète regorgent d’initiatives solidaires… Et Internet aussi ! Reste à les connaître. Manque de temps, de moyens ? Et si l’on vous disait que même de chez vous, ou de votre bureau, vous pouviez changer les choses ? Pour cela, rien de plus simple : naviguer sur internet à l’aide de moteurs de recherche pas comme les autres. Contribuer à la reforestation, soutenir les actions de différentes associations… et de manière totalement gratuite. Ecogine, Goodsearch, Lilo, Ecosia… Des moteurs de recherche alternatifs vous offrent la possibilité de le faire.

« Les géants comme Google gagnent près de 80 milliards d’euros par an grâce à nos recherches. Alors pourquoi ne pas utiliser tout cet argent à des fins utiles ? », lance Ferdinand Richter, le responsable d’Ecosia France. Partis de ce constat, les fondateurs de Lilo et d’Ecosia ont décidé de créer des moteurs de recherche qui permettent aux internautes d’avoir plus de poids sur l’argent qu’ils génèrent. « L’idée est de permettre aux utilisateurs de décider de l’utilisation de cet argent et de le rediriger vers des projets socio-environnementaux », explique Clément Le Bras, co-fondateur de Lilo.

Chaque recherche engendre de l’argent. Cela se matérialise par une goutte d’eau pour Lilo et un arbre virtuel pour Ecosia. Vous pouvez ensuite les donner aux associations proposées sur le site de Lilo. Quant à Ecosia, il se consacre exclusivement à la reforestation, vous n’avez donc pas à choisir. Un acte à la portée de tous puisque vous pouvez aider votre prochain sans mettre la main au portefeuille.

Mais comment est-ce possible si le site est gratuit ? Deux mots : la publicité. « L’argent reversé à chaque projet vient des clics sur les liens commerciaux qui s’affichent lors de vos recherches », explique Clément Le Bras. Ces entreprises sont donc dépendantes de la publicité mais pas seulement…

Des autres moteurs de recherche également. Lilo et Ecosia sont des métamoteurs. Autrement dit, ils collectent les informations de plusieurs moteurs de recherche tels que Google, Yahoo! ou Bing, puis les mettent à disposition des internautes. « Nous leur louons des algorithmes. Sur le long terme, nous souhaitons développer cet aspect technique nous-même afin d’être indépendant. Mais cela nécessite énormément d’argent, déplore le responsable d’Ecosia France. L’indépendance a un prix bien trop élevé. Pour le moment, nous préférons utiliser nos ressources pour planter des arbres ».

La priorité de ces entreprises : leurs projets solidaires. La majorité de leurs revenus y sont consacrés, et plus précisément la moitié pour Lilo et 80 % pour Ecosia. Le reste contribue au fonctionnement de l’entreprise, et notamment à la communication, au développement du site et à la rémunération des employés.

Ils souhaitent également répondre au problème de pollution carbone généré par les navigations sur le web. « Le numérique génère à lui seul une pollution énorme, équivalente à celle de l’aviation, soit 2% des gaz à effet de serre », explique Hélène Lecomte, responsable de communication chez Lilo. Les deux entreprises d’utilité sociale ont donc décidé de financer des projets environnementaux dédiés à la compensation carbone. « Chaque année, notre écosystème de partenaires nous permet de stocker 650 tonnes carbones », poursuit la responsable.

 

Lilo : le choix du don

 

 

Capture d’écran de la page d’accueil de Lilo

Près de 600 000 € ont été collectés depuis la création de l’entreprise française en 2014. Disponibles sur le site web, les projets participent à l’amélioration de la santé, l’éducation, l’environnement et le social. Réaliser les rêves d’enfants malades, améliorer les conditions de vie de familles malgaches, créer des exploitations agricoles durables, soigner les animaux, opérer des malformations cardiaques, agir pour la vie marine, scolariser des orphelins… « Les utilisateurs peuvent changer le quotidien de milliers de personnes en quelques clics seulement », se réjouit le Clément Le Bras, le co-fondateur.

« Nous sommes confrontés à de grosses inégalités sociales et des bouleversements climatiques, mais des solutions existent, poursuit-il. Le problème est le manque d’information sur ces initiatives. Nous avons donc décidé de les faire connaître grâce aux moteurs de recherche. » Internet est un vecteur de communication important et de sensibilisation à grande échelle. Un maximum de personnes peut donc découvrir une multitude d’associations en un minimum de temps.

Près de 700 000 visiteurs uniques parcourent chaque mois les pages de Lilo. « J’en avais assez d’enrichir Google, cette énorme entreprise américaine…, confie une utilisatrice. Je suis tombée sur Lilo, par hasard. Être utile et financer des projets simplement en cliquant sur sa souris, c’est pratique et ingénieux. »

Vous pouvez également devenir acteur du changement et proposer vos idées à la communauté Lilo. L’objectif : favoriser l’émergence de nouveaux projets sociaux. Le nombre est limité à un par semaine pour que les internautes aient le temps de prendre connaissance de chacun d’eux. Pour vous lancer dans l’aventure, remplissez le formulaire disponible sur le site. Ensuite, il n’y a plus qu’à attendre de voir si votre proposition séduit. « La pré-sélection s’appuie sur différents critères, notamment l’impact social et la pérennité », détaille Clément Le Bras.

D’autre part, Lilo fait de la vie privée de ses utilisateurs une priorité. « Vos recherches vous appartiennent », assure Clément Le Bras. Il ne collecte aucune donnée, ne génère pas de cookie, et désactive le tracking ou pistage publicitaire.

Installée en France, en Italie et en Espagne, l’entreprise sociale souhaite désormais se développer outre-Atlantique. Lilo part donc à la conquête des marchés américain et canadien. « Nous souhaitons étendre notre champ d’action par-delà les frontières… Faire prendre conscience à la population que l’argent généré par ces recherches peut contribuer à améliorer la planète, les conditions de vies de nombreuses personnes et même des animaux, développe Clément Le Bras. C’est presque un enjeu démocratique. »

« Il m’arrive également d’utiliser le moteur Ecosia, affirme Elsa. Il repose sur le même principe mais on ne peut participer qu’à la plantation d’arbres. J’aime l’idée mais je préfère avoir le choix dans la donation. »

 

« Avec Ecosia, c’est l’arbre d’abord »

 

Logo d’Ecosia, © Cassandre Rogeret

L’entreprise allemande Ecosia a permis de planter plus de 21 millions d’arbres depuis sa création en 2009. Alors comment ça fonctionne ? Une recherche donne accès à un arbre virtuel. Il faut en collecter quarante-cinq sur internet pour en faire pousser un bel et bien réel sur terre. Avec 7 millions d’utilisateurs actifs, la communauté en plante un toutes les 1,7 secondes.

Après ses études de commerce, l’Allemand Christian Kroll, fait le tour du monde. De passage au Brésil, il prend conscience de l’impact de la déforestation et de ses conséquences dramatiques sur l’environnement et le milieu local. Il a alors l’idée de monter une entreprise qui permettrait à chaque individu d’apporter, non pas sa pierre, mais son bois à l’édifice. « Le moteur de recherche est un outil incroyable, affirme Ferdinand Richter, responsable d’Ecosia France. Il est utilisé par un très grand nombre de personnes et peut donc générer beaucoup de moyens. »

« L’arbre symbolise le maintien de l’écosystème et permet de faire vivre les communautés locales, poursuit-il. Il a une fonction essentielle dans la vie ». Ses bienfaits sont nombreux : il capte le Co2 entraîné par la pollution, procure un climat frais, produit de l’oxygène, donne de l’ombre, protège les sols contre l’érosion, rend la terre productive et fertile, offre une biodiversité importante…

L’entreprise berlinoise entreprend des projets à travers la planète. « En Ethiopie, nous avons planté plusieurs arbres près d’un cours d’eau desséché, raconte Ferdinand Richter. Les racines ont capté l’humidité qui s’est alors engouffrée dans le sol. L’écosystème a donc été restauré et cela a contribué à l’amélioration des conditions de vie des familles qui vivaient non loin de là. » Ils plantent également des mangroves à Madagascar et luttent contre l’huile de palme en Indonésie. « C’est une monoculture qui nécessite des pesticides donc ça détruit le sol. Nous plantons alors des sortes de noyers avec lesquels on peut faire des savons, ainsi que des palmiers à sucre, détaille le responsable. L’être humain trouve un bénéfice là-dedans donc il en prend soin. »

Vous l’aurez compris… chez Ecosia, « c’est l’arbre d’abord ! » s’exclame Ferdinand Richter. La cohérence globale de ce projet se veut faire écho aux valeurs de l’Économie sociale et solidaire. « Nos salaires sont corrects. Nous ne sommes pas là pour enrichir l’entreprise », confie le responsable. En effet, 80 % du chiffre d’affaire contribue à la reforestation. « Par moment on est tellement concentré sur la cause qu’on s’oublie un petit peu… c’est le lot de nombreuses associations je pense », poursuit-il.

« L’utilisation d’un moteur de recherche alternatif est un choix éthique. Vous soutenez alors un engagement envers la planète, affirme le responsable. Nous devons tous montrer à notre entourage comment utiliser Internet de façon responsable. » Une jeune utilisatrice a fait ce choix il y a un an. « J’ai le sentiment de contribuer à sauver la planète. J’ai transmis cette habitude à ma famille et c’est devenu un automatisme, nous n’utilisons plus que ce moteur de recherche. Mon fils est d’ailleurs très fier et il en parle à l’école. Cet outil est vraiment bénéfique, il permet de sensibiliser et de responsabiliser les enfants ». Ecosia espère planter 1 milliard d’arbres d’ici 2020.

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