Recruter autrement, c’est tout le pari de ce forum sport emploi initié par la Mission Locale du pays messin et la mairie de Metz. Au programme de cette matinée : une rencontre sportive et décomplexée entre des demandeurs d’emplois et des employeurs suivie d’un job dating classique. L’occasion pour les deux camps d’échanger et de se découvrir différemment. Une quarantaine de jeunes et moins jeunes ont fait le déplacement, mardi 19 novembre 2019, pour rencontrer les six entreprises présentes au Gymnase de la Baronete à la Grange-aux-bois.
« Aujourd’hui, on va jouer au floorball. Le floorball c’est du hockey en salle et vous allez voir c’est simple ! », lance Abdel de l’Ecole des sports devant une audience concentrée et motivée. Dès l’introduction terminée, les demandeurs d’emploi et les employeurs, chasubles sur le dos, se mélangent et forment les équipes. Dans les équipes, tous les profils sont réunis. Des demandeurs d’emploi de la Mission Locale côtoient des jeunes adultes de la cellule emploi insertion et des employeurs. Cette mixité des publics est voulue par la Mission Locale pour sortir de ce cadre informel qu’est le recrutement. « N’oubliez pas d’échanger vos prénoms et de discuter avec l’autre », rappelle Emélie Philippe, chargé de projet à la ML, crosse à la main. Dans la bonne humeur, les différents ateliers s’enchaînent sous les conseils avisés des deux membres de l’Ecole des sports.
Dans le jeu, il est difficile alors de reconnaître l’employeur du demandeur d’emploi. Ces derniers s’encouragent et se dépassent pour décrocher ensemble la victoire. Les deux camps prennent du plaisir et oublient le réel objectif de la matinée. « Aujourd’hui on a tous des chaussures de sport et une chasuble. Par le biais de ce forum nous souhaitons montrer aux jeunes qui arrivent souvent avec des aprioris sur le milieu de l’entreprise, qu’un chef d’entreprise est une personne lambda », souligne Emélie.
Sur le banc, Virenka Coldisch – présidente de Block’out observe d’un œil attentif les différents affrontements. Son entreprise espère trouver parmi les sportifs du jour un commis de cuisine et un second de cuisine. C’est la première fois qu’elle participe à ce type de forum. Convaincue, elle estime que ce challenge sport emploi « permet aux recruteurs de voir d’autres facettes des personnes à travers le sport et de tisser du lien différemment ».
Sur le terrain, Jean-Nicolas François, responsable des ventes secteur pour Lidl mouille le maillot et protège fermement ses cages. L’occasion rêvée pour lui de voir « l’engagement, l’état d’esprit et le dépassement de soi » des candidats. Malgré la défaite lors du premier match, il souligne cette « initiative intéressante » et espère qu’il y aura une deuxième fois.
Au bord du terrain, les membres de la Mission Locale du pays messin qui ne participent pas au challenge n’hésitent pas à encourager les équipes. Parmi eux, Dorothée Kessler, responsable de secteur donne de la voix et veille au bon fonctionnement de la matinée. Les sourires échangés, les accolades multiples enchantent cette dernière qui misait beaucoup sur cette journée pour prouver à « ses jeunes » qu’une rencontre conviviale avec un futur patron est possible. Chaque année, sa structure accueille, épaule et guide des milliers de jeunes déscolarisés. En 2018, la Mission Locale a accompagné 4 359 jeunes âgés de 16 à 25 ans dans leurs projets de vie.
La fête est finie, place aux entretiens
Après 1h30 d’effort, les stands remplacent les buts de floorball sur le parquet. Les employeurs s’activent dans le calme. Les jeunes adultes de la cellule emploi insertion préparent quant à eux leurs CV et profitent des derniers conseils de leurs accompagnateurs. « Je vous conseille d’aller vous coiffer un peu avant le début des hostilités », lance Emélie en riant. Les plus jeunes prennent acte et s’affairent également pour préparer au mieux leurs entretiens.
Tugay, à la recherche d’un emploi dans la vente, observe de loin les stands. Sur le terrain, il était dans son élément et n’hésitait pas à jouer des coudes pour atteindre le but. Il encourageait ses coéquipiers et haussait un peu la voix quand Aylin refusait de lui laisser la balle. L’histoire se complique pour cette deuxième étape. De nombreuses entreprises prévues ont fait faux bond et notamment une qui l’intéressait particulièrement. A ses côtés, Emélie tente de le motiver et l’incite à aller voir les autres employeurs présents face à un Tugay sceptique.
Ses camarades sont déjà nombreux à attendre leur tour, devant la table de Lidl. Ilyes retrouve son coéquipier de l’équipe rouge Jean-François Nicolas « Ça fait bizarre de le voir en face de moi après le match mais honnêtement le sport n’a rien changé je suis toujours aussi stressé », glisse Ilyes. Dans la file derrière lui, Aylin espère quant à elle que la rencontre sportive va faire son effet et réduire son stress. Devant le stand, elle révise son texte avec Parvana et tente de se détendre. « Je suis de nature très angoissée. Pour être honnête j’ai déjà postulé pour Lidl, c’est donc l’occasion de tenter à nouveau ma chance », confie Aylin.
A l’issue de l’entretien, la membre de l’équipe verte est plutôt ravie. « Il m’a conseillé de passer les tests en ligne et a promis qu’il appuierait ma candidature ». Parvana, afghane, essuie les mêmes conseils. En France depuis 2015, elle parle un français approximatif et a profité de ce challenge sportif pour passer outre cette difficulté. « J’ai gagné les deux matchs », lance-t-elle fièrement sourire aux lèvres. L’objectif des deux copines du jour est d’aller à la rencontre de tous les employeurs. « Un emploi c’est un emploi », lance une Aylin motivée. Il faudra s’armer de patience pour connaître la réponse définitive de ces entretiens.