Les seniors s’engagent dans des structures de l’ESS

Crédits : Pixabay

Le mécénat de compétences pour séniors dans les structures de l’Économie Sociale et Solidaire séduit de plus en plus de personnes. Ce dispositif de fin de carrière permet de mettre ses compétences au service d’associations avec un aménagement de l’activité sous forme de temps partiel.

« J’ai toujours pensé faire des missions dans des associations, mais je n’avais jamais réellement le temps. Je me disais alors que je n’aurais cas le faire à la retraite … Avec le mécénat de compétences, j’ai la possibilité de continuer à travailler et à être rémunéré tout en faisant ce qui me plaît. C’est super ! » Grâce au mécénat de compétences pour séniors, Florence Moncenis a pu concilier son envie de travailler pour des associations et son manque de temps pour le faire.

Florence Moncenis, est fonctionnaire depuis 1984 au sein de La Poste. Mais aujourd’hui, elle travaille 70 % de son temps dans une association et est payée 70 % de son ancien salaire.

Elle bénéficie du dispositif appelé « Temps Partiel Aménagé Séniors dans l’Économie Sociale et Solidaire » (TPAS ESS). Mis en place en 2015 par La Poste, il concerne les salariés en CDI et fonctionnaires qui justifient d’une ancienneté contractuelle de 10 ans. Ils doivent également justifier d’une retraite à taux plein à l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite. Ils s’engagent d’une durée pouvant aller de un à trois ans.

Florence Moncenis a choisi le TPAS à 70% pendant trois ans. Son contrat, TPAS ESS, est aménagé en deux séquences.  Une première partie où elle exerce une grande partie de son temps une activité opérationnelle. Puis une seconde où elle fait beaucoup de conseil.

Pouvoir préparer sa retraite avec un rythme de travail aménagé, tout en mettant son savoir-faire au service d’une association sont l’unes des principales raisons qui poussent les séniors à se tourner vers ce dispositif.

Les salariés volontaires, pour ce mécénat de compétences dans des structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), restent salariés de l’entreprise et peuvent choisir leur rythme de travail. Bien que le mécénat de compétences existe depuis de nombreuses années (il a été institué par la loi Aillagon du 1er août 2003), le mécénat de compétences avec des structures de l’ESS est lui très récent. Exercé une seule fois, c’est un réel engagement de la part des séniors : à la fin du contrat, ce dispositif les engagent à partir en retraite.

Mis en place, sous différents noms, dans de nombreuses entreprises en France, il concerne deux types de profils : les fonctionnaires ou les salariés en CDI. Les rythmes, avantages et temps de présence dans l’association varient en fonction de l’entreprise.

Pourquoi s’engager dans un mécénat de compétences ?

Pour Sylvie Targa, responsable bénévole de la fonction mécénat à la Fédération des Banques Alimentaires, les démarches peuvent être très rapides. « Avec un salarié de BNP Paribas, les démarches ont pris une semaine ».

Le mécénat assure à la Fédération des Banques Alimentaires une stabilité en ayant des salariés présents régulièrement, plusieurs jours par semaine. Il permet également de professionnaliser les bénévoles.  « J’ai remarqué, qu’avant de mettre en place ce dispositif, il y avait beaucoup d’hommes. Aujourd’hui, j’observe beaucoup plus de femmes au sein de notre association. Elles ne seraient pas venues d’elles-mêmes. Travailler en partenariat avec les entreprises permet de toucher de nouvelles personnes » explique Sylvie Targa. Enfin, près de 90 % des salariés en mécénat de compétences, décident de rester bénévole à leur retraite. Une vraie plu value pour l’association qui voit le nombre de bénévole augmenté.

Christophe Duprat de son côté est salarié depuis 1979 chez Orange. Il est actuellement en « Temps Partiel Séniors » (TPS)  Mis en place depuis 2011, il a pu choisir un rythme plus souple que son travail le lui permettait : il est 15 jours à l’association et 15 jours chez lui. « J’ai besoin de m’occuper de ma femme, elle est malade. C’est un véritable soulagement d’avoir pu choisir ce rythme. Mais, même quand je ne suis pas à l’association, je travaille toujours un peu de chez moi » avoue-t-il. « Je suis payé à 80 % avec une présence de travail à 50 %. C’est un réel avantage. »

« Humainement, ça me change. Je peux découvrir un autre monde. C’est un enrichissement personnel. Il y a un côté humain, que je n’aurais pas retrouvé chez Orange. En travaillant, j’ai découvert une véritable passion pour un poste que je n’ai occupé que quelques années : webmaster. Aujourd’hui, je peux faire de ma passion mon travail. Je suis webmaster pour l’association » explique Christophe Duprat. « Pour moi, la retraite ne change rien. Orange cotise pendant trois ans, comme si j’avais travaillé à 100 %. Nous n’avons plus accès à l’Intranet, perdons des jours de congés et des RTT, mais c’est une expérience tellement riche que ça en vaut la peine. En plus, j’ai toujours accès à mes heures de formation DIF (Droit Individuel à la Formation) annuelles, ce qui me permet également de continuer à me professionnaliser en tant que webmaster si je le souhaite ».

Parmi les avantages pour les entreprises, le mécénat de compétences pour seniors constitue un soulagement financier. Elles bénéficient d’une réduction fiscale de 60 % du salaire et des charges sociales de l’employé. Il permet de donner une image positive et engagée, tout en répondant aux problématiques internes de l’entreprise : restructuration, personnel trop âgé, etc.

Cependant, la mentalité en association est complètement différente qu’en entreprise. Lorsque Sylvie Targa fait passer des entretiens aux salariés, elle s’intéresse beaucoup plus à leurs motivations, à leurs esprits plutôt qu’à leurs CV. « Ici, il n’y a pas de compétition. C’est une mentalité complètement différente de l’entreprise. Il n’y a pas non plus de hiérarchie, le niveau d’études importe peu. »

Vers d’autres mécénats ?

Pour préparer les séniors à la retraite, d’autres initiatives ont également été mises en place. La SCNF donne par exemple jusqu’à 10 jour aux salariés pour faire du mécénat de compétences, pour leur permettre de mieux connaître le milieu associatif.

Sylvie, quant à elle, imagine avec des entreprises que ce mécénat de compétences pourrait être un tremplin entre deux postes. Elle a observé que des jeunes, ayant terminé leurs études, se lancent dans le bénévolat en attendant de trouver un poste. Il pourrait également être un moment de passage  entre deux postes : le salarié est dans une période de transition et est placé dans des missions qui ne lui plaisent pas forcément. En travaillant avec des associations, il peut choisir ses missions, cela lui permettrait de s’enrichir tout en sachant que ce n’est que temporaire car il a des perspectives d’évolution au sein de son entreprise.

« Aujourd’hui, l’offre est très ciblée séniors, alors que tous les salariés et les jeunes sont concernés par l’ESS » conclut Sylvie.

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