On ne parle plus que d’elles: les ventes de plantes ont investi les week-ends urbains et parsemées de Monstera ou autres Calathea le paysage urbain. Celles-ci attirent autant les jeunes cherchant à verdir leurs 20 mètres carrés, que les plus âgés en quête de plantes de qualité à moindre coût. Décryptage d’un phénomène en expansion lors d’une de ses « Grandes ventes de plantes ».
Véritable oasis de verdure dans la jungle parisienne, les ventes de plantes n’ont cessé de proliférer. Ces dernières sont organisées dans des espaces privés, transformés en boutiques éphémères pour l’occasion, ou des espaces de co-working de la capitale. Le leader de ces ventes s’appelle Plantes pour tous, au catalogue comprenant entre 13.000 et 15.000 plantes de 90 espèces différentes.
Léo et Julien, fondateurs de Plantes pour tous (PPT), ont été les premiers en France à proposer ce genre d’événements, partant du regret que les plantes étaient trop chères et trop peu accessibles en ville. Pour parer à ce constat, et en quelques années seulement, PPT et ses « Grandes ventes de plantes », propose désormais des dizaines de variétés à un prix compris entre 2 et 10 euros et réunit plusieurs milliers de personnes à chaque vente.
Inspiré par le succès de PTT, de nombreux collectifs commencent à proposer ce modèle, à l’instar de Maison bouture, ou de plus petits organisateurs tels que Botanproject ou Pépin production. Tous ces organismes ont en commun de proposer des plantes à prix réduit, à acheter en ligne ou lors d’évènements éphémères. Copié mais jamais égalé, Léo a décidé de déposer légalement son modèle de ventes dès le lancement de son projet en juillet 2017 afin d’officialiser son statut de précurseur.
Plantes pour tous, un modèle qui séduit
Aujourd’hui, ce sont 3 à 4 000 personnes qui viennent les voir chaque week-ends: « ce sont clairement des files de concert qui attendent pour venir acheter des plantes », sourit ainsi Léo. Passant par l’atelier Basfroit du 11ème arrondissement de Paris, Les Halles Martenot rennaises, ou Les Halles Saint-Géry de Bruxelles, PPT a sû faire (re) découvrir aux locaux les « lieux de marque » de leurs villes.
Alors, pour éviter d’être victimes de cette affluence lors de leurs ventes, et essuyer de potentielles critiques négatives, les membres de PPT ont trouvé la parade : l’achat de plantes en ligne permet l’obtention d’un pass coupe-file, véritable sésame pour qui voudrait se rendre à une vente sans attendre les 30 minutes moyennes permettant l’accès au Graal.
Heureux et surpris par cette réussite, les co-fondateurs de PPT ont récemment ouvert une boutique permanente, au sein des 4 500 mètres carrés du Ground Control parisien. Ce magasin de petites plantes, qui leur permet d’avoir « pignon sur rue auprès des clients », ne correspond pourtant pas au fil rouge de leur projet : le partage de leur intérêt pour la botanique.
Le cœur sur la main, la plante dans les bras
À chaque quartier ou ville sa vente de plantes, au départ mensuelle, puis rapidement devenue hebdomadaire face à la demande croissante des locaux. C’est ainsi que Léo espère faire de sa recette de vente un véritable rendez-vous pour tous ses habitués.
De plus, une véritable dimension sociale est donnée à ces évènements. D’abord, par la recherche de vendeurs jeunes et dynamiques, souvent recrutés pour de petits contrats à temps partiel en parallèle de leurs études. « On a essayer de créer un réseau social autour de nous, notamment en tentant de toujours employer les mêmes personnes pour que nos clients aient des répères », confirme Léo.
D’autre part, par la transmission et le partage de savoir-faire, à l’image des ateliers bouturages, macramés, ou terrariums, souvent proposés en amont des ventes. Cependant, cet échange ne s’arrête pas une fois l’achat des plantes effectué, puisque des fiches d’entretien de celles-ci sont proposées sur les sites des vendeurs, augmentant les chances de survie d’un nouveau Pilea peperomioides, mais aussi l’intérêt des acheteurs pour la botanique. C’est la volonté première des fondateurs de PPT, qui estiment que même si « l’achat de plantes ne satisfait aucun objectif, il vise à améliorer le quotidien, à l’heure où on vit plutôt dans des environnements durs et froids ».
« Une vente autant à notre image qu’à l’image des clients »
L’élément commun à ces ventes de plantes est également l’absence de communication utilisée pour les promouvoir. En effet, peu d’articles de presse font la publicité de ces évènements. Ainsi, c’est principalement par le biais des réseaux sociaux que ces derniers font campagne.
Le succès de leurs annonces sur la sphère de Facebook, et les milliers de personnes s’y disant « intéressées », témoignent de la réussite de cette méthode. Mais l’influence des réseaux sociaux ne s’arrête pas à la communication des rencontres botaniques à venir. En effet, ce sont également les acheteurs qui font la publicité des évènements en partageant leur ravissement sur Instagram ou Facebook, suite à l’achat d’une plante à la mode.
Pour Léo, cet élément se manifeste de plusieurs façons. D’une part, par la valorisation de leur image de marque, eux qui « essayent d’avoir une image sympathique, en sortant de cette idée obsolète des jardineries… bien qu’on y passe toujours nos dimanches ! ». Mais aussi par la proposition d’un modèle autant à l’image de leurs clients qu’à image leur propre passion, par exemple en gardant les noms latins des plantes, « règle d’or de la botanique ».
In fine, Plantes pour tous est le premier organisateur de ventes de plantes dont le succès lui permet de s’internationaliser, avec une présence dans cinq pays de l’Union européenne. Léo explique simplement cette expansion par le fait que l’on « vit en ville complètement de la même façon dans toutes les capitales européennes, donc le modèle est uniformisé ». Il souligne cependant la difficulté d’adapter les plantes proposées au pays visé, notamment dans le cas de la chaude Espagne, dernier pays d’ancrage de PPT avec une première vente ce week-end.
Pour les lecteurs intéressés, le lien vers les prochaines ventes de Plantes pour tous: https://www.facebook.com/plantespourtous/