Carrières dans l’ESS : de plus en plus de jeunes intéressés

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En 2018, l’Économie sociale et solidaire est représentée à 27% par des salariés de plus de 50 ans. Mais plus de 335 000 de ces personnes devraient prendre leur retraite.

Le secteur de l’ESS reste encore peu connu pour un certain nombre d’étudiants avec 56% d’entre eux qui ne savent que vaguement de quoi il s’agit. Et pourtant, l’attrait pour ces métiers est très fort puisque deux jeunes sur trois aimeraient y travailler, selon une étude réalisée par Ipsos. Mais alors, qu’est-ce qui rend ce domaine si attractif pour les étudiants ?

L’ESS comme ambition profonde

Le secteur de l’ESS est composé de différentes organisations spécifiques comme des associations, des mutuelles, des fondations, des coopérations ou encore des entreprises sociales. Elles relèvent du secteur privé et ont pour valeurs communes de mettre la personne et l’objet social au coeur de l’économie de l’entreprise, la gestion est collective et le choix des dirigeants est participatif, enfin la lucrativité est limitée. C’est d’ailleurs grâce à des convictions profondes que les salariés décident de travailler dans l’ESS : « Il m’est apparu comme une évidence que je devais avant tout travailler pour une cause dont je serais fière et qui soit fondamentalement utile au monde. », explique Mathilde Gestin, jeune chargée de développement des relations entreprises chez ARES.

La solidarité et la responsabilité sont au centre de toutes les décisions prises dans ce secteur. Mais il connaît, cette année, un bouleversement à cause des départs en retraites de plus de 335 000 salariés de l’ESS, selon une étude Apec. Les employeurs se veulent tout de même rassurants puisque 79% d’entre eux souhaitent recruter pour remplacer ces départs. Les postes à pourvoir concerneront surtout les responsables de structures et des cadres.

Il s’agit donc d’un domaine en plein essor et qui a de multiples opportunités devant lui. « J’ai toujours eu un petit attrait pour le social et l’environnement mais c’est surtout en raison du nombre de choses à créer dans ce secteur que j’ai décidé de m’y lancer. Ma créativité sans limite me permet de m’éclater dans mes missions pour promouvoir toujours plus ce domaine encore très peu connu et qui, pourtant, nous entoure dans notre quotidien ! », justifie Auriane Sautier, étudiante en mastère 2 à Néoma Business School.

« Notre génération a besoin de plus de reconnaissance dans son travail »

Selon le sondage Ipsos, aujourd’hui un étudiant en école de commerce sur deux aimerait travailler dans ce secteur contre un étudiant sur dix, il y a cinq ans. « J’ai le souvenir que quand j’étais en école de commerce, il y a six ans, ce n’était pas facile d’assumer vouloir travailler dans l’ESS face à des amis qui étaient attirés par le prestige de la finance ou du marketing de luxe. », confie Mathilde Gestin.

Mais alors, mis à part le taux d’embauche élevé dans ce secteur, qu’est-ce qui pousse les jeunes à se lancer dans l’ESS ? « Les conditions de travail dans lesquelles j’évolue sont primordiales pour moi, être dans un gros groupe où l’individu ne compte pas, ça ne m’intéresse pas », affirme Auriane Sautier. L’attrait du secteur relèverait donc des conditions de travail qui se différencient d’un poste dans une grande entreprise.

« L’aspect managérial, la rigidité des grands groupes me rebutent, j’ai l’impression que notre génération a besoin de plus de reconnaissance dans son travail. Le principal, selon moi, c’est de trouver du sens à son travail. », complète Paula Arnaud, jeune salarié chez Enactus. Cette petite association accompagne les jeunes dans la réalisation de leur projet d’entreprenariat social. « Ce qui me plaît chez Enactus c’est son ambiance de travail, la cohésion d’équipe qui diffère de toutes les autres structures publiques ou privées. Nous avons la chance d’avoir un directeur général très impliqué dans le bien-être au travail et qui met un point d’honneur à l’entraide entre les salariés. » raconte Paula.

Le moteur des jeunes qui se lance dans l’ESS semble donc être : les bonnes conditions de travail, le sens du travail accompli et surtout de se sentir utile ! Mais si l’on pousse la réflexion plus loin, certains salariés de l’ESS avouent qu’il y a un aspect éthique et tendance qui poussent les jeunes à se lancer dans ce secteur : « La diversification du secteur qui se transforme est de plus en plus tendance. Le tout est encouragé par un effet de société plus large qui remet en cause les modèles existants et pousse à mieux consommer, au bien-être de l’individu, à la remise en question du format classique d’une carrière réussie. », confie Arthur Marechaux, responsable des programmes à l’ESSEC Business School.

 

Travailler dans l’ESS, à quoi bon ?

Il faut tout de même noter que le secteur de l’ESS est en partie financé par des grandes entreprises privées car les associations sont trop fragiles. C’est un commun accord entre les deux parties prenantes. En effet, les entreprises ont besoin de s’engager auprès des associations pour prouver leur aspect social et investir dans un domaine plus responsable, et de l’autre côté, les associations ont besoin de financement pour mener des projets à bien. Mais alors, comment se sentir indépendant et à l’écart de l’univers capitaliste des grands groupes quand on est en parti financé par eux ?

« L’argent est le nerf de la guerre, il serait illusoire de le nier et c’est vrai que ce financement a un impact sur la gestion des structures de l’ESS. Mais de plus en plus d’alternatives apparaissent dans nos structures, comme des modèles hybrides et l’autofinancement. », explique Mathilde Gestin. Et pour les salaires alors ? Un écart salarial est à noter entre le secteur de l’ESS et le secteur des entreprises privées.

Cela est dû au manque de moyens de ces petites structures et leur implication dans des actions importantes. L’étude Ipsos démontre que, même si c’est un frein et que ça pousse à la réflexion chez certains, 59% des jeunes interrogés seraient prêts à accepter une baisse de salaire pour pouvoir travailler dans le secteur qu’ils affectionnent. « Penser à la rémunération financière amène à réfléchir aux externalités globales qu’on retire personnellement d’un poste et aussi aux ressources financières dont on a besoin pour que notre bonheur ne soit pas compromis.

Les écarts de salaires ne sont pas si flagrants en sortant de l’école, c’est au bout de trois ans d’expérience que cela commence à se creuser sérieusement. » avoue Mathilde Gestin. S’engager dans le secteur de l’ESS relève vraisemblablement d’une conviction profonde car on ne tire du positif que si l’on est investi et dévoué aux autres.

 

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