Depuis 2017, une dizaine d’acteurs se partagent le marché de la micro mobilité en France. Cette dernière se développe notamment grâce à l’apparition de trottinettes électriques en free floating, soit en libre-service et directement à disposition dans la rue. La mise en place de ce nouveau moyen de transport par des opérateurs privés a modifié la manière de se déplacer en ville. En contrepartie, il soulève de nouvelles questions. Comment légiférer ? Où doivent circuler ces engins ? sont ils vraiment respectueux de l’environnement ?
Aujourd’hui apercevoir un homme en costume, traverser un carrefour à vive allure, sur un engin motorisé vert fluo n’est pas quelque chose d’insolite. Les déplacements en trottinette électrique sont devenus monnaie courante dans la capitale et dans les grandes agglomérations de France. Ce moyen de transport de nouvelle génération prend une place grandissante dans le paysage urbain.
Pour commencer, l’engin motorisé apparaît comme une très bonne alternative aux moyens de mobilité plus classique pour des questions de temps. Effectivement, La durée moyenne d’un trajet en trottinette électrique est de 19 minutes, pour une distance moyenne de 4,5 km. A titre de comparaison, selon le Parisien, il faut 1h30 pour effectuer les 9 kilomètres qui séparent Porte d’Orléans et Porte de Clignancourt en voiture.
La rapidité du trajet n’est pas le seul motif invoqué par les utilisateurs. Le caractère « amusant et agréable » de ce mode de transport revient dans 69% des cas. En outre, cela pourrait expliquer pourquoi les trottinettes électriques sont utilisées en grande partie par des jeunes, car plus de la moitié des utilisateurs de trottinettes électrique à moins de 35 ans.
Le free floating influe aussi sur l’utilisation de ces « e-scooters » (trottinette électrique). Il s’agit d’une flotte de véhicule à disposition en libre-service et sans station. Cela à débuté avec des vélos mais c’est avec les trottinettes électriques qu’il y a eu une véritable explosion de la pratique. Ce mode de location est important car pour 63% des personnes interrogés par 6-T et l’ADEME, (le bureau d’étude meneur de l’enquête et l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) il y aurait une forte baisse d’intérêt si les trottinettes n’étaient plus disponibles en free floating.
Pour endiguer le stationnement sauvage de ces véhicules, la ville de Paris, en association avec les opérateurs, voudrait installer des stations pour ces trottinettes mais leur mise en place pourrait freiner l’utilisation de ce mode de transport. Ce dispositif s’inscrit dans une dynamique de recul de l’utilisation de la voiture en ville. De plus en plus de raisons poussent les urbains à ne plus l’utiliser. La hausse du prix de l’essence, le développement d’une conscience écologique, mais aussi, les actions des municipalités pour diminuer le nombre de trajets automobiles.
La ville tend à multiplier les projets afin de limiter l’usage de la voiture. Il y a eu l’instauration d’une journée où elle est interdite, la piétonisation des voies sur berges ou encore l’agrandissement du réseau de piste cyclable. Cela encourage progressivement les citadins à utiliser leurs vélos, mais aussi à utiliser des trottinette électrique puisque depuis peu, elle doivent circuler sur les pistes cyclables.
Un nouveau mode de transport qui pose de nouveaux problèmes urbains
Même si la trottinette électrique est de plus en plus utilisée, elle ne plait pas à tout le monde. D’abord, elle a été implantée dans les villes de France de façon assez sauvages. Ainsi, certaines villes ont expulsé les trottinettes électriques de leurs rues, à l’image de Nantes qui a placé tous les véhicules de la flotte de l’opérateur Wind à la fourrière. Ce dernier avait mis en circulation ses véhicules sans prévenir la municipalité.
Ce nouveau mode de déplacement pose également des problèmes liés à l’encombrement. En effet, certains utilisateurs peu scrupuleux laissent parfois ces appareils sur le trottoir. La mairie de Paris a décidé d’y remédier grâce à la mise en place d’une sanction. Dorénavant, il est interdit de stationner sur les trottoirs parisiens sous peine de recevoir une amende de 49 euros. De plus, il est désormais interdit de circuler directement sur les trottoirs. Les pistes cyclables et les voies piétonnes sont les seuls endroits où peuvent circuler les trottinettes électriques. Il reste également la chaussé qui n’est pas particulièrement adaptée à ces petit véhicules urbains.
Enfin, selon une enquête du Parisien les accidents liée à ce mode de transports sont en hausse. Etant donné que ce phénomène est assez récent, la loi n’impose pas encore de véritable règle de sécurité. Ainsi, le casque n’est pas encore obligatoire malgré une vitesse maximale assez élevée pour certain modèle. De plus, la proximité avec les voitures rend la circulation dangereuse pour les utilisateurs.
Malgré ces problèmes, la législation se met en place progressivement. Les municipalités et les opérateurs agissent ensemble. Selon un membre du bureau d’étude 6-T, la ville essaye de mettre en place plus de 2500 espaces de stationnements en partenariat avec les opérateurs. Ces derniers essaient de leur côté d’inciter les utilisateurs à mieux stationner les véhicules. Pour cela, les consommateurs doivent par exemple prendre une photo du véhicule pour s’assurer de son bon stationnement. Il y a également la volonté d’instaurer des limitations de vitesse dans certaines zones, ainsi que des redevances pour le stationnement des véhicules.
Une manière de se déplacer peu écologique et peu rentable
Certains modèles de trottinette électrique avec leur couleur verte pourraient laisser penser que ce mode de transport est respectueux de l’environnement. Pour autant, la façon dont elles sont conçues, puis utilisées rend l’ensemble peu écologique. Lors de la fabrication, les trottinettes électriques sont à l’origine d’émission importante de gaz à effet de serre. De surcroît les éléments qui la composent sont peu ou pas recyclable à l’image du lithium, du plastique ou de l’aluminium qui composent en grande partie la structure de l’engin.
Le problème écologique vient également de la manière dont il faut les recharger. Les opérateurs font appel à des Juicers. Ces personnes doivent récupérer les véhicules le soir, les faire charger chez eux la nuit et ensuite, les remettre en place le lendemain. La question de la précarité de l’emploie se pose ici, mais surtout il y a un souci dans la manière de récupérer ces engins. Certains utilisent une trottinette pour en transporter plusieurs, mais l’incohérence vient de ceux qui utilise une camionnette ou n’importe quel autre véhicule qui émet des gaz à effets de serre en grandes quantité.
Aussi, la durée de vie de la plupart des modèles disponibles en free floating est assez courte. Alors qu’il faudrait qu’elles soient en service pendant au moins 2 ans, elles ne le sont souvent que quelques mois. En effet, la durée de vie moyenne ne dépasse pas les trois mois, car elles ne sont pas faites pour subir une utilisation aussi intensive. D’autant plus qu’elles sont souvent sujettes aux dégradations. Enfin, la faible durée de vie rend le modèle économique assez peu rentable. Effectivement, il faudrait qu’il reste en circulation plus de 4 mois pour que le coût d’un véhicule soit couvert par ce qu’il rapporte. Cela sans prendre en compte l’impact sur l’environnement de la fabrication et de la recharge de l’engin.
Actuellement, les opérateurs se chargent de régler ses problèmes car il est évident que l’impact négatif sur l’environnement pourrait leur être reproché sur le long terme. Ils s’occupent donc de mettre en place des modèles plus résistants, avec des batteries de meilleure qualité ou encore des composants moins polluants. Cela sera-t-il suffisant pour faire de la trottinette électrique l’un des principaux moyens de transports urbains du futur ?