La Mission Agenda Rural, présentée en juillet dernier, soumet 200 propositions qui visent à redynamiser la campagne française. Parmi ses objectifs, l’agenda s’intéresse à un plan en faveur des commerces de proximité, éléments essentiels de la survie des villages. Elle soutient notamment l’initiative « Villages Vivants » ayant pour but de réaffecter un lieu de sociabilité au cœur des localités rurales.
Le 26 juillet 2019, la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, lançait, dans le petit village de Saint-Bonnet-de-Rochefort, la Mission Agenda Rural, présentant 200 propositions du ministère pour répondre à la désertification des territoires ruraux. Un enjeu au cœur notamment des dernières manifestations et sur lequel le gouvernement avait annoncé des actions rapides.
Selon ce rapport gouvernemental, la désertification touche 59% des communes rurales. Pour répondre à ce problème, les propositions misent notamment sur les commerces de proximité pour revitaliser les petites communes françaises. Le retour de lieux marchands au sein des villages présentent bien des avantages comme le précise le ministère pour qui « ces activités sont (…) parfois plus efficaces économiquement que les activités classiques ». Outre l’aspect économique, le commerce de proximité répond aussi à une question sociale.
En quelques chiffres
Mais de quelle réalité parle-t-on ? Il faut déjà comprendre que l’exode rural subi par la campagne française date des années 1960-1970. Même si cet exode s’estompe dans les années 1980, cela n’a pas empêché la disparition progressive des petits commerces. Comme le souligne la professeure agrégée de géographie Céline Massal dans son article paru en 2018, nous assistons à une baisse continuelle des épiceries et bars-tabac depuis les années 1990. Selon une étude de l’INSEE publiée en 2017, ils auraient diminué de plus de 5 % entre 1999 et 2007. (CF Tableau ci dessous)
La fermeture de ces supérettes et bars-tabac favorisent le sentiment d’abandon de la population rurale. Un problème majeur pour un grand nombre d’habitants qui doivent parcourir plusieurs kilomètres pour la moindre commission. Un casse-tête pour des villageois parfois âgés connaissant des difficultés pour se déplacer. Comme le souligne le rapport, le commerce de proximité a aussi une dimension sociologique : « La question du maintien du commerce en milieu rural n’est donc pas qu’une problématique de développement économique, mais avant tout une question de lien social et de proximité ».
Un engagement pour le commerce de proximité
Pour répondre à cette problématique, la Mission Agenda Rural demande ainsi la mise en place d’un plan national en faveur des petits commerces de village. Parmi les 200 propositions, cinq concernent cette problématique.
La première mesure met en place des exonérations de cotisations et taxes foncières pour les commerces du quotidien dans les communes de moins de 3 500 habitants. Cet allégement fiscal se poursuit dans la deuxième proposition qui prévoit des exonérations pour les structures labellisées de l’économie sociale et solidaire. Ces deux mesures permettront donc en principe aux porteurs de projets d’avoir plus de moyens économiques pour la mise en place de leur activité.
La troisième proposition, portée par le groupe SOS, vise ensuite à soutenir la création de 1000 cafés en milieu rural. Il s’agit d’une mesure volontairement concrète pour les habitants qui devraient observer un changement concret dans leur quotidien. La mission, au travers de ses deux dernières propositions, veut enfin faciliter les démarches d’accès à la licence IV. Elle est essentielle pour le débit de boissons et donc pour la création de bars-tabacs.
L’action de « Villages Vivants »
Parmi les acteurs au coeur de la consultation, « Villages Vivants » fait partie des initiatives qui redynamisent les milieux ruraux. Cette association est devenue une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Depuis mars 2017, elle oeuvre dans les petites communes de la région Auvergne Rhône-Alpes, afin de proposer un meilleur accès foncier. Sa première action est immobilière, c’est-à-dire participer au financement de l’achat d’un local et de le rénover. « Le suivi se fait ensuite tout au long de la vie de l’entreprise », souligne Sylvain Dumas, cogérant de la société. Le financement s’inscrit dans une logique de bien commun qui mêle une multitude d’acteurs : banque, collectivités, etc.
La SCIC s’efforce de gérer le projet immobilier dans l’intérêt général. Sylvain Dumas et son équipe favorisent des commerces qui incluent le circuit court et l’agriculture biologique. Il s’agit donc de créer une dynamique locale. Par exemple, le maraîcher d’un village va pouvoir vendre ses produits dans l’épicerie de cette même commune. Le projet doit ainsi rassembler tous les acteurs du milieu et répondre aux attentes des habitants.
Les 200 propositions de la mission ruralité prennent en compte les problématiques liées aux commerces de proximité. Ces annonces ont été bien accueillies par les organisations et les habitants, néanmoins, ce n’est pas la première fois que des promesses sont faites. L’agenda doit donc encore prouver son efficacité.