Soucieuses d’améliorer leur image, d’être dans une démarche plus responsable ou encore de développer une économie différente, des entreprises font appel aux compétences des structures de l’Économie Sociale et Solidaire pour leur permettre d’atteindre ces objectifs.
Des entreprises, en allant de PME à de grandes entreprises, font le choix de s’associer à des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire. Mais pourquoi cette alliance ? Elles sont de plus en plus à rechercher à la fois une image plus responsable, plus éthique voire une empreinte plus positive sur le territoire. Elles n’ont cependant pas forcément les capacités à changer toutes seules et se tournent alors vers des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). L’une des motivations peut concerner les achats. On appelle cela, des achats responsables. Pour Anne-Céline Denis, créatrice de l’agence Les Petites Rivières (agence de conseil en innovation sociale et responsabilité de l’entreprise), « se tourner vers les achats responsables est une étape très facile à réaliser pour les entreprises. Cela peut aller d’un traiteur que l’on souhaite plus responsable, préférant par exemple les circuits courts, aux produits de nettoyage, aux services de blanchisserie jusqu’aux fournitures de bureau ». Les entreprises qui s’engagent dans ces achats responsables sont, selon un sondage, 61 % à s’intéresser à l’emploi dans le bassin local et 54 % à penser à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi.
D’autres, se tournent vers l’ESS pour aller encore plus loin que l’achat. Elles cherchent à recruter différemment et avoir des profils plus diversifiés. Elles travaillent avec des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire pour des motivations RH (Ressources Humaines). Les entreprises font alors appel à des structures de l’ESS spécialisées dans l’Insertion par l’Activité Économique (IAE), c’est-à-dire permettre à des personnes en situation de chômage de longue durée, par exemple, de recommencer à travailler sur une activité support (une activité qui lui permet de remettre le pied à l’étrier pour ensuite chercher un nouveau travail) ou encore dans le secteur adapté protégé où des des personnes en situation de handicap sont embauchées. La chaîne de restauration française CoJean, par exemple, fait appel à AVEC, spécialisée dans l’accompagnement et l’intégration professionnelle des personnes handicapées sur leur lieu de travail.
Pour Anne-Cécile Denis, les acteurs de l’ESS peuvent également être un levier pour la création de nouveaux produits. En étant spécialisés dans un domaine en particulier, ils permettent d’apporter leurs connaissances aux entreprises qui en ont besoin.
L’entreprise sociale Bon et Bien, créateur de potages, est le fruit d’une co-création entre McCain Foods Limited, Randstad et E.Leclerc. Elle récolte les légumes laissés de côté par les agriculteurs partenaires de l’expert des frites congelés, McCain, pour les transformer en soupes. C’est plus de 20 à 30 % de fruits et légumes écartés de la vente à cause de leur forme ou de leur état. L’initiative a permis de créer de l’emploi dans le Nord-Pas-de-Calais, tout en permettant à Bon et Bien d’augmenter son impact environnemental et social.
Un impact social et environnemental plus fort pour les structures de l’ESS ?
« Les acteurs de l’ESS collaborent avec des entreprises dites “classiques” pour se développer commercialement », explique Anne-Cécile Denis. Bien que leur mission principale reste le social, ils souffrent d’une baisse des subventions publiques et cherchent des débouchés commerciaux pour pouvoir subsister, en vendant par exemple des prestations aux entreprises. Pour Carine Declercq, salariée chez Essilor International à Créteil, « les entreprises peuvent permettre de faire connaître de petites structures de se faire connaître, de gagner en visibilité ». Elle a créé en 2017 la commission achat groupé, qui fait connaître aux plus de 1 300 Essiloriens, des petits producteurs lors d’un salon. Pour Marie Le Guellec, une des participantes du salon, y assister était une réelle opportunité. En deux heures, elle a vendu trois à quatre fois plus de créations que d’ordinaire, avec en prime, de nombreux retours positifs sur son travail. « C’est là qu’on voit que notre démarche est utile » souligne Carine. Friante de ces salons, Marie souhaite en faire à l’avenir auprès d’autres entreprises. Elle sent un réel désir des salariés pour la fabrication française, mais également pour ce contact direct avec les producteurs. « Il faut que je m’adapte, car je dois penser à réaliser certains produits spéciaux pour certains évènements, ce que je ne faisais pas avant… Il faut également que je modifie mon rythme de travail, car je dois fabriquer plus d’accessoires si je veux faire plaisir aux clients » raconte-t-elle.
Cependant, des freins empêchent cette alliance complète entre acteurs de l’ESS et entreprises. Pour Anne-Cécile, « l’ESS commence depuis très peu de temps à se faire connaître. Ce sont souvent de petites structures et les interlocuteurs au sein des entreprises (achats, RSE, RH, …) peuvent être tellement différents que cela peut être une source d’angoisse pour lelles… Face à cette complexité, elles laissent parfois tomber ».
Pour remédier à ce frein, Les Petites Rivières mettent en place des séances de speed dating entre acteurs de l’ESS et entreprises, des séances de pitch ou encore des conventions d’affaires pour briser la glace.