Créée à Paris en 2012, Singa est une association qui lutte au quotidien pour l’intégration des demandeurs d’asile et des réfugiés. Zoom sur CALM, leur nouvelle plateforme d’accueil.
“Plutôt que de se demander si on peut accueillir toute la misère du monde, peut-être peut-on imaginer que chacun d’entre nous puisse s’ouvrir à la richesse du monde”. Un slogan qui en dit long sur les valeurs de l’association Singa. En 2012, les 3 cofondateurs, Nathanaël Molle, Guillaume Capelle et Alice Barbe, jeunes diplômés en gestion de projet et droit international humanitaire, réalisent que seulement 12% des personnes qui ont obtenu le statut de réfugié en France connaissent une personne française (Rapport 2013 du Haut Comité aux Réfugiés). Ce manque de lien entre demandeurs d’asile et citoyens français est selon eux, la cause principale du problème de l’intégration. “Les réfugiés et demandeurs d’asile ont une méconnaissance des codes socio-culturels, un manque de réseau social et professionnel, la barrière de la langue et des difficultés de compréhension des contraintes administratives”, explique Maëlle Briand, responsable de la communication de Singa.
En France, ce sont environ 85 000 demandes par an qui sont faites et 1/3 acceptées : ”Le parcours administratif est laborieux, long et coûteux. Nous avons conscience aujourd’hui que l’administration française et « des bouts de papier » ont le pouvoir de faire changer des destins. Ce sont des être humains, des parcours, des liens, que l’on met dans des cases : « demandeur d’asile », « réfugié », ou « illégal ». Si une action politique et de sensibilisation est importante, notre conviction est de faire la différence par l’action”, rappelle-t-elle.
Il y a 5 ans, Singa s’est donc engagé à créer du lien entre nouveaux arrivants et locaux. À travers leurs différentes actions, ils tentent de mobiliser les citoyens, favoriser le vivre ensemble, accompagner les personnes réfugiés et demandeurs d’asile au quotidien et faire valoir leurs droits “à travers des formations, des ateliers ou des événements rassemblant nouveaux arrivants et société d’accueil”.
L’initiative CALM : les clés du succès
Face à l’afflux de réfugiés en France, Singa a également lancé l’initiative CALM en 2015, un programme qui met en relation des personnes réfugiées à la recherche d’un accueil temporaire et des citoyens disposant d’une chambre pour les accueillir. “L’accueil dure minimum 3 mois. C’est la durée minimum estimée pour faire de CALM un réel tremplin pour l’avenir et construire une relation de confiance et de partage. L’innovation consiste notamment à faire correspondre le projet professionnel de l’accueilli avec le domaine d’expertise ou d’expérience de l’accueillant”, explique-t-elle. En deux ans, les résultats escomptés ont permis une “employabilité bien meilleure après la période d’accueil, beaucoup reprennent des études à l’issue de cette période, les progrès en langue sont manifestes, etc. On est aussi témoin de rencontres sans précédent, d’engagements et de moments d’une vitalité hors norme”, ajoute Maëlle Briand.
Un programme qui s’inscrit parmi les nombreuses expériences de l’Economie Sociale et Solidaire pour l’intégration : “L’agilité de SINGA et sa position de laboratoire d’innovation sont au cœur même de cette réflexion. En expérimentant de nouvelles actions tournées vers l’accueil, c’est tout un écosystème qui est sollicité voire modifié. Lorsqu’une action se révèle être un succès, il s’agit alors de la partager afin de multiplier ses impacts. Pour cela, nous co-construisons avec de nombreux partenaires, financiers, stratégiques ou opérationnels, dans une multitude de domaines et de statuts (ONG, SA, coopérative…)”.
Singa : le bilan ?
Pour mener à bien tous ses projets, Singa bénéficie de soutiens publics (ministères et collectivités locales) pour le programme CALM, les activités culturelles, les cours de langue… Mais aussi de soutiens privés : des fondations d’entreprises et des particuliers. Enfin, SINGA développe son autofinancement avec de la formation aux entreprises et d’autres productions de biens et services.
Depuis 2012, 25.000 personnes ont participé à la communauté SINGA. Les défis restent de taille : “Nous souhaitons nous développer dans de nombreuses villes de France, continuer à créer du lien entre nouveaux arrivants et société d’accueil mais aussi proposer un outil digital aussi efficace à l’international que localement où les relations humaines sont source d’innovation”, conclut-elle.