L’UNICEF inquiète pour l’avenir des enfants

(Crédit : UNICEF Ukraine)

La convention des droits de l’enfant a fêté ses 30 ans le 20 novembre dernier. Pour l’occasion, l’UNICEF publie un rapport en forme d’état des lieux sur la place des enfants dans le monde. Si la situation globale s’est améliorée, l’organisme s’inquiète d’une stagnation voire d’une aggravation sur certains sujets.

Dans son rapport sorti le 26 novembre 2019 intitulé « La Convention des Droits de l’enfant à la croisée des chemins », l’UNICEF célèbre 30 ans de lutte en faveur de ceux dont les droits « sont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde », selon le préambule de la convention signée en 1989. 

Avant tout, l’organisme insiste sur les améliorations visibles, expliquant que « ce texte a indéniablement changé la façon dont le monde voit les enfants ». Ainsi, l’Unicef se réjouit d’une baisse de plus de 60% de la mortalité des moins de 5 ans dans le monde entier, avec un score minimal de -40% dans chaque région du globe. Or ce chiffre est important car il induit plusieurs autres améliorations : « Cela signifie donc une amélioration dans des secteurs comme la nutrition, l’éducation des mères, le taux de vaccination, la viabilité des services de soins, et l’accès à l’eau potable », explique le rapport. Cela représente tout de même 5 millions d’enfants qui n’atteignent pas l’âge de cinq ans encore aujourd’hui, contre 12.5 millions en 1990. 

Des progrès inégalement répartis

L’organisme constate également des progrès du point de vue de la scolarisation puisque le  pourcentage d’enfants n’ayant pas accès à l’école primaire a diminué de moitié, passant de 20% à 10%. Cette amélioration s’accompagne aussi d’une disparité de moins en moins grande entre les filles et les garçons, malgré toutefois certaines exceptions en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du sud. « Permettre aux enfants un accès à l’école primaire, particulièrement les filles, est parmi les plus grandes avancées dans le développement humains ce dernier demi-siècle », indique le rapport. 

Pour autant, la répartition de ces améliorations reste très inégale. Si la convention engageait chaque état à garantir notamment le droit à la santé et à l’éducation , à tous les enfants dans son article 2, force est de constater que la marche est encore haute. 

Si la mortalité infantile a bien été divisée par deux, la situation reste bien différente en fonction des régions du monde. (Source : UNICEF)

Au sein des pays signataires de la Convention, un enfant né dans un ménage parmi les plus défavorisés a par exemple deux fois plus de chance de décéder avant ses 5 ans qu’un enfant né dans un milieu plus aisé, voire trois fois dans certains pays. Même chose dans le cas des mariages forcés : si le taux global a diminué, les progrès sont davantage visibles dans les 20% des ménages les plus riches que dans les 20% les plus pauvres. Dans certains pays, des jeunes filles courent même un risque plus grand d’être mariée contre leur volonté qu’il y a dix ans, notamment à cause de la situation économique. 

De la même manière, l’article 24, garantissant l’accès au soin est également toujours mis à mal aujourd’hui. Si les campagnes de vaccination permettent actuellement de sauver entre 2 et 3 millions de bébés, le rapport estime que presque 20 millions d’enfants ne sont encore pas immunisés, notamment à la diphtérie et au tétanos.

Encore une fois, le problème touche en grande majorité les plus pauvres, ceux qui vivent dans des zones de guerre ou dans des bidonvilles. Si le Plan d’action mondiale pour les vaccins (PAMV), déployé entre autre par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit au moins 90% des enfants immunisés à la rougeole, seul 86% le sont actuellement. Le rapport dénonce une campagne contre cette maladie « au point mort » malgré des vaccins de plus en plus accessibles, entraînant la réapparition de la rougeole dans des pays où elle avait disparue. 350 000 cas ont été recensés en 2018, soit le double par rapport à l’année précédente.

Les changements climatiques : un nouvel enjeu

Mais le sujet de préoccupation majeure de l’UNICEF reste les changements climatiques. « Sans un changement fondamental de direction, le climat aura des effets dévastateurs et irréversibles sur l’humanité et la planète bien avant le 60e anniversaire de la Convention. » Avec des effets directs sur l’accès à la nourriture et à l’eau potable, ces changements impacteraient directement les enfants. La hausse des températures provoqueraient aussi l’expansion de l’habitat des moustiques responsables de la malaria, de la fièvre jaune et de la dengue.

La malaria seule est déjà responsable de plus de 266 000 décès chez les enfants en bas-âge chaque année. Or ce chiffre pourrait s’aggraver, puisque la maladie arriverait alors dans des zones qui n’y avaient encore jamais été confrontées et n’y sont donc pas préparées. Pour pallier cela, l’UNICEF explique avoir déjà commencé à anticiper les futurs besoins de ces zones, en développant notamment l’agriculture durable, comme l’élaboration de graines résistantes à la sécheresse et aux inondations aux Caraïbes. 

Henrietta Fore, la directrice générale de l’organisation, engage donc cette dernière à agir « avec audace et créativité », et à prendre des mesures décisives et à s’y tenir, rappelant que la Convention des droits de l’enfant se trouve à la croisée des chemins « entre son passé glorieux  et son avenir potentiel ». Comme pour mieux rappeler que si les améliorations sont indéniables, certaines situations sont loin d’être réglées, alors que l’UNICEF et le monde, vont devoir en plus faire face à de nouveaux défis.

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